Climat : quand les jeunes prennent la parole

Il sera présent à la “COP 22” qui va se tenir à Marrakech en novembre. Pour David Resillas, représentant d’une association d’étudiants de l’UM et délégué de Youngo[1], il faut aujourd’hui mieux faire entendre la voix de la jeunesse mondiale dans les négociations sur le climat.
C’est la prochaine conférence annuelle sur les changements climatiques : la “COP22” se tiendra du 7 au 18 novembre 2016 à Marrakech, sous l’égide des Nations Unies. Mais avant ce grand rendez-vous, il y avait une étape intermédiaire : la pré-COP22, qui s’est tenue jusqu’au 26 mai à Bonn (Allemagne). Principal objectif de cette “intersession” : s’atteler à la mise en œuvre de l’accord de Paris. Parmi les “négociateurs climat” présents à Bonn, David Resillas, 25 ans, mandaté par le mouvement Youngo[1] et membre du conseil d’administration du REFEDD[2]. Cet étudiant de l’IAE Montpellier est aussi le co-fondateur d’EDDA[3], association d’étudiants de l’Université de Montpellier.

Quels étaient les enjeux de la rencontre de Bonn ?

Maintenir la dynamique de la COP21, conserver le cap, le préciser. L’accord de Paris sur le climat a été adopté par 195 pays, et le processus de ratification suit son cours : la France vient ainsi de ratifier le traité de Paris. A Bonn, il s’agissait parallèlement à ce processus de veiller à ce que les promesses soient tenues, fixer la feuille de route, et aussi échanger sur les sujets nouveaux qui ont pu apparaître. Dans ce grand forum où diverses coalitions et groupes de lobbying ont fait entendre leur voix, l’organisation Youngo est venue manifester celle des associations de jeunes du monde entier, autour de deux thèmes principaux : l’éducation et l’équité entre générations.

Quel est le message des jeunes de Youngo ?

Ma génération va être touchée de plein fouet par les changements climatiques. Les effets du réchauffement sont déjà là, ils vont s’accentuer. Si on ne met pas en place une dynamique de réduction, d’adaptation, de sensibilisation, ce sera à nous de gérer la crise ! Cette génération est donc une victime programmée ; pourtant, elle n’a pas encore voix au chapitre. Nous sommes porteurs de propositions concrètes et innovantes, nous voulons être mieux entendus : les gens de mon âge ont des idées nouvelles à faire valoir. Les décideurs d’aujourd’hui sont très qualifiés, mais leur logique d’action reste à peu près la même qu’il y a 50 ans. Il faut changer de paradigme : le développement durable est l’instrument principal pour sortir de la crise climatique. Une culture à laquelle ma génération est très sensibilisée.

Comment espérez-vous peser dans les négociations ?

La jeunesse est encore largement sous-représentée dans les débats. Mais le Secrétariat Général de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a pleinement conscience que pour relever ces défis mondiaux, les jeunes ont quelque chose de précieux à apporter : leur créativité, leur énergie, leur flamme. Les délégués de YOUNGO*, dont je fais partie, sont là pour porter la voix de la jeunesse. Nous ne sommes pas des professionnels mais des étudiants, issus des milieux associatifs. Nous avons donc dans les débats une position libre et impartiale : nous ne sommes liés par aucune contrainte professionnelle, aucun enjeu économique. C’est une force : notre parole a d’autant plus de poids.

Quelles sont vos prochaines actions concrètes ?

Elles passeront principalement par le développement du programme des délégués nationaux de la jeunesse à l’ONU. Un programme déjà en place, mais qu’il faut mieux structurer. Première mission de ces jeunes délégués, rencontrer la jeunesse de leurs pays : sensibiliser les jeunes, les inciter à s’impliquer plus activement, et prendre bonne note des attentes, comme des projets exprimés. Nous allons proposer que ces jeunes délégués soient intégrés aux équipes de négociation, et puissent peser sur les débats grâce à un droit de vote. Il faut donc convaincre l’ONU. Mais aussi les États Membres : l’implication dans le programme des jeunes délégués reste encore très inégale selon les pays.

Repères

  • Les jeunes entre 15 et 24 ans représentent environ 18 % de la population mondiale actuelle, soit la plus grande cohorte de jeunes de l’histoire.
  • Le texte adopté le 12 décembre 2015 (accords de Paris) prévoit de contenir la hausse de la température planétaire en dessous de 2°C d’ici la fin du siècle.

 
[1] Youngo regroupe les organisations jeunes du monde entier au sein de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques – CCNUCC (l’organe onusien chargé des négociations sur le climat).
[2] Le REFEDD est un réseau d’associations étudiantes qui mènent des projets de développement durable tels que l’alimentation, la biodiversité, le climat, les déchets, etc. Le REFEDD est une association de loi 1901.
[3] Etudiants pour un Développement Durable Associatif.