En verre et pour tous

A l’UM, la biodiversité humaine se porte bien. Rencontre avec un oiseau particulièrement rare au cœur du campus Triolet : Tristan Beldi, souffleur de verre scientifique. Du simple pyrex à la silice presque pure, il transforme la matière la plus dure en guimauves ardentes.
Avec une ferveur qui en quelque 25 ans de métier ne l’a pas quitté pour cet art du feu, ce “boulot hors du commun” dit-il. Tristan Beldi ne chôme pas. Des fantasmagories qu’il expire, d’un souffle sûr et régulier, naissent de très utiles outils scientifiques…

Réparation et création

Ballons, éprouvettes, réfrigérants ou encore appareils de micro distillation, il intervient sur toute la palette de la verrerie scientifique. De l’incontournable pyrex, casserole à tout faire des chimistes, aux ustensiles en verre de silice qui serviront à des manipulations à très haute température.
Un verrier à plein temps au sein même de l’université ? Ça offre pas mal de possibilités, explique Tristan. Des réparations rapides, la possibilité de créer des pièces uniques, hors de prix sur le marché, ou même d’intervenir in situ dans les labos, pour des montages complexes destinés à la recherche. Dans ce cas, n’hésitez pas à le solliciter :

élaborer les plans avec le chercheur et participer à la création d’un projet spécifique, c’est passionnant !

Atelier hors du commun

Les clients de cet atelier hors du commun ? Des enseignants et des chercheurs venus d’un peu tous les horizons : chimie principalement, mais aussi pharmacie, médecine, physique… “En fait, c’est l’ensemble de la communauté scientifique qui peut avoir besoin de verrerie“, explique ce passionné, que même les mathématiciens de l’université sont venus trouver. Leur demande : la fabrication d’une “bouteille de Klein”, cet étrange récipient fermé sur lui-même, qui entretient quelques affinités avec le non moins étrange mais mieux connu ruban de Möbius.
Et si l’art de Tristan flirte à l’occasion avec la création artistique, ce n’est pas pour lui déplaire. A la demande du service art et culture de l’UM, il a ainsi participé à l’exposition Chimaera, dans le cadre de la résidence d’artiste du collectif Microclimax, créant pour l’occasion un incroyable prototype de verre : une forêt de vases odoriférants émergeant d’un sous-bois de ballons de chimie fusionnés.
Si ces incartades dans le monde artistique restent limitées, l’activité elle-même n’en est qu’à ses débuts, prévoit Tristan dont le carnet de commandes est en forte expansion. D’autant que le projet de Campus chimie Balard pourrait sans doute élargir encore la communauté susceptible d’utiliser ce service de proximité.
Le prochain projet qui lui trotte dans la tête ? Un atelier d’initiation à la verrerie, pour aider tout un chacun à mettre la main à la pâte. De verre, bien sûr.