L’effet CHARM


Le 14 décembre dernier les huit recteurs de l’Université européenne CHARM-EU se sont rassemblés à Barcelone pour signer la convention actant l’intégration de trois nouveaux partenaires. Avec CHARM-EIGHT, un nouveau projet financé à hauteur de 12,8 millions d’euros par l’Union européenne, l’alliance, qui rassemble désormais sept universités et une école, souhaite déployer son action et bénéficier ainsi à un maximum d’étudiants et d’étudiantes. 

« Si je devais résumer en deux mots nos objectifs pour les années à venir, je dirais : « effet transformant », déclare Gilles Subra, enseignant-chercheur à l’UM et chargé de mission pour CHARM EU. CHARM-EIGHT c’est le plus gros projet de l’alliance CHARM-EU, le plus structurant, le plus emblématique ». Le plus financé aussi puisque c’est une enveloppe de 12,8 millions d’euros que l’Europe a accordé à cette alliance universitaire européenne regroupant désormais huit partenaires grâce au ralliement de l’université finlandaise Abo Akademi, de l’Université allemande Julius Maximilians de Würzburg et de la Hochschule Ruhr West, elle aussi située en Allemagne.

Un master pour expérimenter

Le 14 décembre dernier, les recteurs de ces huit institutions étaient donc réunis à Barcelone pour signer une nouvelle convention et marquer ainsi leur volonté de déployer pleinement leur action après l’expérimentation réussie du diplôme conjoint conférant grade de master « Défis globaux pour le développement durable ». « Ce master européen n’était pas le but de notre alliance mais le moyen, l’objet qui nous a permis d’expérimenter la collaboration dans de multiples domaines, de proposer un mode de gouvernance et de franchir les nombreuses barrières qui existent lorsqu’on crée une alliance comme la nôtre » explique Gilles Subra.

Partage des frais d’inscription, délivrance de diplômes conjoints, mobilité des étudiants et des enseignants-chercheurs, comptabilité des heures d’enseignement, gestion de l’argent commun… De nombreuses questions ont en effet été mises sur la table.  « Ces deux dernières années nous ont permis d’apprendre à travailler ensemble, d’acquérir non seulement une pratique de l’interculturalité mais aussi une confiance dans nos institutions mutuelles. Maintenant que ces bases sont posées nous allons faire en sorte que l’alliance ait un impact réel » poursuit l’enseignant.

Avoir un impact réel

Si à l’heure actuelle environ 70 étudiants et étudiantes ont fait partie de la première promotion du master européen, le projet CHARM-EIGHT ambitionne quant à lui de toucher au moins 50 % des inscrits dans les huit universités et écoles partenaires. « Cela peut être une mobilité, une participation à une UE commune ou à une université d’été, un accès à un stage, bref toutes les opportunités que pourra apporter l’alliance CHARM-EU » précise Gilles Subra. De nouveaux enseignements communs basés sur de la pédagogie innovante, au niveau licence et master, devraient d’ailleurs voir le jour. La formation doctorale bénéficiera elle aussi de l’effet CHARM avec une plus grande ouverture à l’international et le développement de doctorats interdisciplinaires. Quant au master européen originel, il sera pérennisé, enrichi de thèmes nouveaux et probablement ouvert à l’apprentissage.

CHARM-EIGHT souhaite également toucher plus largement les enseignants, enseignants-chercheurs et enseignantes-chercheuses. S’ils étaient jusqu’à présent une vingtaine impliqués dans l’équipe pédagogique du master, les fameuses knowledges creative teams, de nouveaux « ambassadeurs » ont été recrutés dans les UFR, écoles et instituts. « L’idée c’est qu’ils agissent comme des relais pour activer l’alliance chaque fois que cela sera possible et multiplier ainsi les opportunités pour leurs étudiants et étudiantes et les personnels de toutes les composantes. Il peut s’agir par exemple d’identifier de nouveaux viviers de recrutement pour les formations existantes, des lieux de stage mais également de promouvoir la mobilité, y compris des personnels de l’Université. Notre souhait est de faire émerger et d’accompagner tout type de collaborations au sein de l’alliance au niveau pédagogique, bien sûr, mais également en termes de projets de recherche ». Aujourd’hui une quinzaine d’enseignants et enseignantes issus des différentes facultés sont déjà actifs dans les différents workpackages de Charm.

Entrer dans le fonctionnement normal

Pour atteindre ces objectifs l’équipe CHARM a prévu de se déployer au sein de chaque direction de l’Université de Montpellier. Concrètement des personnels seront prochainement recrutés dans le cadre de CHARM afin que la plupart des directions disposent d’un agent pour travailler conjointement sur les projets CHARM et UM.  « Nous souhaitons que CHARM ne soit plus un projet à part mais devienne un grand projet structurant aligné sur les autres projets de l’Université en renforçant leur dimension internationale et qu’il entre dans le fonctionnement normal, détaille Gilles Subra. Compte tenu de la diversité des objectifs, nous avons besoin d’avoir des agents à la direction de la communication, à la DIPA, à la DFE, à la DRED, à la DSIN… »

Des bureaux virtuels, ou joint virtual administrative offices, partagés par les huit partenaires de l’alliance, devrait également être mis en place afin d’offrir aux différents publics ciblés des guichets uniques où déposer leurs demandes et poser leurs questions. Une formule déjà expérimentée avec succès dans le cadre du master CHARM. « Ce bureau virtuel est géré par un personnel de chaque université et fonctionne comme un point d’entrée unique pour toutes les demandes : inscriptions, demandes de mobilité, notes des étudiants et étudiantes ou suivi des heures des enseignantes et enseignants. C’est quelque chose qui fonctionne très bien. »

Une identité forte

Avec ce projet, l’alliance CHARM-EU affirme plus que jamais la singularité d’une identité forte construite sur des valeurs d’inclusion, de multiculturalisme, d’interdisciplinarité et d’accessibilité à tous et toutes. « Nous ne voulons pas que les bénéfices de cette alliance ne profitent qu’à un petit nombre, une élite triée sur le volet. Nous avons à cœur de montrer que chaque étudiant et étudiante, quel que soit son profil, pourra tirer profit de ce nouveau campus international ». Des formations seront également bientôt proposées dans différentes langues et pas uniquement en anglais.

Des partenariats entre l’alliance et d’autres universités en Amérique du Sud ou en Afrique seront développés dans le cadre de CHARM-EIGHT, par exemple avec l’Université de Pretoria en Afrique du Sud. Enfin une attention toute particulière sera également apportée à la dimension citoyenne avec un workpackage dirigé par l’Université de Montpellier et dédié aux relations avec les collectivités territoriales, la société civile, les associations etc. « Nous voulons que l’alliance CHARM-EU soit un moteur pour établir un réseau international de partenariats privilégiés dans tous les domaines, reliant nos campus et nos territoires » conclut Gilles Subra.