Plan de sobriété énergétique : « Aller vers le meilleur équilibre possible »


Investissements et chantiers de rénovation énergétique, adaptation du fonctionnement de l’établissement, responsabilisation individuelle et collective, voilà les trois axes du plan de sobriété énergétique de l’UM qui a été présenté en conseil d’administration le 30 janvier dernier. Explications avec Bernard Maurin vice-président délégué à l’immobilier.

Le 6 octobre dernier le gouvernement a publié son plan de sobriété énergétique qui engage tous les services de l’État. Pourquoi et avec quelles conséquences pour les universités ?

Depuis 2021, les tarifs de l’énergie sont en hausse continue. Les causes sont multiples : reprise post-covid, guerre en Ukraine, difficultés d’approvisionnements notamment sur le gaz etc. Cette hausse est aussi corrélée avec la crise climatique et environnementale qui impose une réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’État et notre ministère de tutelle ont donc demandé aux universités de réduire leurs consommations énergétiques de 10% d’ici la fin de l’année 2024.

L’Université avait-elle anticipé cette question de l’énergie ? 

Oui bien sûr. La situation actuelle ne vient qu’intensifier des problèmes structurels. Ce plan vient en continuité des actions de fond menées par l’UM depuis plusieurs années sur la maîtrise de ses consommations. La moitié de nos surfaces ont, par exemple, été raccordées à des réseaux urbains de chauffage ce qui a déjà permis « d’amortir » partiellement cette crise.

Pour mieux comprendre les enjeux, à combien se chiffre cette augmentation des tarifs de l’énergie pour l’université ?

La facture énergétique de l’UM a augmenté d’environ 2 M€ en 2022 par rapport à 2021 (5,3 M€), et les projections sur 2023 laissent redouter une autre augmentation de plus de 7 M€ ! Ce plan de sobriété constitue donc le dispositif qui va nous permettre d’atteindre l’objectif de réduction de 10% fixé par l’État.

Alors ce plan de sobriété, que contient-il ? Envisagez-vous par exemple une fermeture d’établissement comme d’autres universités ?

Non, nous ne l’envisageons pas. Un principe s’est tout d’abord imposé ; maintenir la qualité du service public ainsi que notre qualité de vie au travail et d’étude, c’est-à-dire aller vers le meilleur équilibre possible entre la continuité de nos activités et cet impératif de sobriété. Ainsi il n’y aura pas de période de fermeture supplémentaire de l’établissement, contrairement à d’autres universités qui ont fait ce choix, et pas de renforcement des enseignements en distanciel et du télétravail, ce qui ne règlerait rien sur la consommation du pays sauf à en reporter une partie au domicile des personnels et des étudiants !

Trois axes ont été retenus dans ce plan, le premier cible l’action individuelle. De quelle manière ? 

Il s’agit d’abord d’effectuer des recommandations en direction des personnels et étudiants pour les sensibiliser, les mobiliser et les responsabiliser. Cette responsabilisation vise au respect de « bonnes pratiques », dont la plupart sont déjà bien connues : limiter le chauffage à 19°C et le rafraichissement à 26°C pour ceux qui ont un équipement individuel. Penser à arrêter ces équipements en fin de journée, à éteindre l’éclairage à chaque départ d’un local et les appareils électriques (ordinateurs et écrans, chargeurs, …) en fin de journée ou en cas de non utilisation prolongée. Faire de même pour les équipements « énergivores » dans les laboratoires de recherche ou les salles d’enseignement (sorbonnes, hottes…).

Le second axe concerne le fonctionnement de l’établissement lui-même. Pouvez-vous nous donner des exemples concrets ?

Nous visons ici une action plus « globale » avec l’adaptation du fonctionnement de notre université. Ainsi pour les locaux dont le chauffage est géré par la direction du patrimoine immobilier ou par une composante de formation, les consignes de chauffage sont directement adaptées (19°C en semaine, 16°C les week-end et 8°C pendant les vacances), avec une réduction de la période de chauffe. L’eau chaude sera aussi coupée dans les locaux et sanitaires, sauf si nécessité.

Vous parlez du chauffage, l’électricité est également un enjeu…

Le cas de l’électricité est plus complexe car les actions concernent surtout des enjeux très spécifiques (recherche, formation, numérique, etc.). Cela nécessite une concertation avec les responsables et acteurs de terrain pour réaliser des analyses puis identifier des pistes de réduction au cas par cas. Le cas des infrastructures de recherche est un enjeu fort. Par exemple pour les salles blanches, les super-congélateurs, les serveurs de calcul, etc.

Des investissements à plus long terme sont-ils prévus ?

Oui, ce plan n’est pas que centré sur les usages, il renforce aussi les investissements réalisés par l’UM pour accélérer les opérations d’amélioration énergétique. On retrouve ici notre troisième axe qui consiste à investir pour la sobriété énergétique en cohérence et continuité avec notre stratégie d’amélioration continue et de maîtrise des consommations. L’UM a pour cela su mobiliser des financements importants et agit depuis plusieurs années : Opération campus, CPER successifs, plans de relance et de résilience, travaux sur fonds propres…

Qu’est-ce qui va changer sur les campus ?

Concrètement, nous allons renforcer les opérations pour améliorer l’efficacité énergétique des équipements et installations de génie climatique ; installer des éclairages par LED en réduisant ceux en intérieur et en extérieur ; éteindre à distance les ordinateurs des salles d’enseignement et de l’administration ; poser des robinets thermostatiques et isoler des combles ou réseaux ; installer plus de dispositifs de pilotage énergétique et de compteurs pour suivre les consommations. Nous ambitionnons aussi de raccorder d’autres campus à des réseaux de chaleur. Ce sera notamment le cas des campus Pharmacie et Arnaud de Villeneuve en 2025. Des études de faisabilité sur du photovoltaïque en autoconsommation seront également lancées sur plusieurs bâtiments.

Et qu’en est-il des grands chantiers de rénovations énergétiques ? 

Les grandes opérations immobilières pour la rénovation énergétique de bâtiments et le remplacement d’équipements seront poursuivies et accentuées, notamment dans le cadre du CPER 2021-2027.