André Neveu : premier de cordée

C’est une distinction importante dans le domaine de la physique théorique et des mathématiques qui a été décernée à André Neveu le 10 août dernier par l’ICTP (International Centre for Theoritical Physics). La médaille Dirac 2020 récompense le directeur de recherche émérite du laboratoire Charles Coulomb – ainsi que deux autres éminents physiciens – “pour leurs contributions pionnières à la création et à la formulation de la théorie des cordes”.

La physique théorique ?  « Une discipline qui évolue à la frontière entre les mathématiques et la physique », décrit André Neveu. Son but : faire des modèles mathématiques pour décrire et comprendre les résultats expérimentaux. « C’est exactement ce qu’a fait Newton lorsqu’il a inventé la gravitation universelle pour comprendre les mouvements de la Lune et des planètes observés par Kepler », image le spécialiste.

Ces modèles dont André Neveu loue « l’élégance, la beauté, la simplicité » sont l’essence de son travail depuis plus de 50 ans. Pendant ses études à l’Ecole Normale Supérieure tout d’abord, puis à l’Université de Princeton de 1969 à 1971 et à l’Institute for Advanced Study de Princeton – dont Einstein lui-même fut membre –  où il restera jusqu’en 1977. De retour en France, le chercheur va travailler 6 ans à l’École Normale Supérieure de Paris puis autant au CERN à Genève avant d’arriver à l’Université de Montpellier, en 1989.

Diverses excitations d’une corde

Si elle est décernée en 2020, la médaille Dirac vient récompenser les travaux menés par André Neveu depuis le début de sa carrière : la formulation de la théorie des cordes. « Ce modèle a été inventé pour décrire certaines particularités des particules élémentaires. Il décrit les particules comme étant non pas des points, mais diverses excitations d’une corde, un peu comme une corde de piano qui a plein d’harmoniques », explique le physicien.

Un champ de recherche qui n’a pas fini de le passionner : « il y a encore plein de choses qu’on ne comprend pas, voire qui dépassent notre entendement, il nous faut encore comprendre mieux ces objets et leurs propriétés ». Et pour faire progresser cette recherche de haut niveau, André Neveu mise sur l’échange : «Il faut de l’interfécondation ! S’ouvrir, échanger avec des collègues étrangers qui voient les choses sous un angle différent. C’est indispensable pour faire émerger des idées nouvelles. Il faut élargir ses horizons pour avoir d’autres points de vue ».

Une philosophie qu’André Neveu a lui-même mis en application et qui a porté ses fruits : avant la médaille Dirac, le chercheur s’était déjà vu décerner de nombreux prix pour ses contributions à la physique théorique, dont le prix Paul Langevin de la Société française de physique en 1973 et le Prix Gentner-Kastler en 1988.