Un schéma directeur novateur pour le patrimoine historique et les collections

Si le patrimoine historique de l’Université de Montpellier est reconnu pour son caractère exceptionnel, il reste encore trop méconnu de la communauté universitaire et du grand public. Pour le rendre plus accessible à tous et toutes, le réhabiliter et le valoriser, l’UM vient de se doter d’un schéma directeur du patrimoine et des collections.

Du bâtiment historique de médecine au Jardin des plantes et son intendance, en passant par l’Institut de botanique ou la Faculté de droit, jusqu’à la station marine de Sète, l’Université de Montpellier possède un patrimoine immobilier remarquable. Un patrimoine historique qui ne s’arrête pas aux bâtiments mais comprend aussi des collections exceptionnelles, tant par leur qualité que par leur diversité :  près de 13 000 pièces d’anatomie, 6 millions de planches d’herbier, 6 000 dessins et estampes au musée Atger, sans compter des millions de fossiles, spécimens de zoologie, géologie, objets de physique ou d’astronomie, droguier et objets pharmaceutiques, matériel d’éducation et patrimoine documentaire…

 Au total, c’est un patrimoine historique inestimable qui trône dans la ville ou qui se cache dans des étagères. Pour mieux le protéger, le valoriser et le rendre accessible, l’Université de Montpellier a adopté son tout premier schéma directeur du patrimoine historique et des collections qui a été approuvé par le conseil d’administration le 15 juillet 2025. Un document stratégique et opérationnel qui fixe les orientations et la feuille de route des actions autour du patrimoine historique à mettre en œuvre en cohérence avec la stratégie de l’établissement.

Patrimoine multiséculaire

Et à Montpellier plus qu’ailleurs, ce schéma directeur revêt une importance majeure. « On ne gouverne pas une université historique créée il y a 800 ans et dotée d’un patrimoine multiséculaire comme une université qui a été créée au 21e siècle », souligne Gérald Chanques, vice-président délégué au patrimoine historique de l’UM, pour qui les actions ponctuelles ne suffisent pas à mettre en avant ces richesses scientifiques et pédagogiques. C’est pourquoi le contrat pluri-annuel 2021-2026 a impulsé ce schéma novateur pour faire émerger une vision globale en matière de valorisation du patrimoine historique immobilier et mobilier.

« Il fallait un schéma dans la durée qui soit à la fois fédérateur pour la communauté  enseignante-chercheuse et étudiante, l’administration, les différents services centraux, les composantes et qui offre également une lisibilité pour les financeurs tels que l’état, la métropole et la région », explique Gérald Chanques. Un projet ambitieux qui a commencé par une phase capitale, l’état des lieux de l’existant qui a été réalisé en 2023 et 2024 en mobilisant pleinement la direction de la culture scientifique et du patrimoine historique et ses vice-président(e)s délégué(e)s, Gérald Chanques et isabelle Parrot, ainsi que la direction du patrimoine immobilier et son vice-président, Bernard Maurin, qui ont travaillé à ce schéma coordonné par une cheffe de mission, Céline Dumas à la DCSPH, dirigée par Caroline Ducoureau. Un travail réalisé en lien avec le SCD, la DCOM ou encore la DVC (service art & culture), le SCUIO-IP, la DAGI, la DSIN et la DLO.

« Ce projet a été l’occasion de réaliser un inventaire le plus complet possible, un travail de fourmi qui nécessite de mobiliser des ressources humaines conséquentes », détaille le vice-président. Car des couloirs de l’Institut de botanique aux sous-sols des bâtiments du campus Triolet, les collections sont réparties sur presque tous les sites de l’établissement, ce qui peut représenter un inconvénient pour en optimiser la gestion.

Indispensable numérisation

Et une fois l’inventaire réalisé, se pose la question de la numérisation, « indispensable pour la préservation des ressources mais aussi pour en donner l’accès au plus grand nombre, enseignants-chercheurs, chercheurs et grand public ». Si une grande partie des fonds patrimoniaux documentaires de l’UM est informatisée, seuls 35 % du patrimoine mobilier le sont à ce jour, dont quelques 1,4 millions de planches d’herbier numérisées dans le cadre du projet e-Recolnat. Et de nombreux spécimens des collections naturalistes qui les rejoindront bientôt dans le cadre du projet E-col+, lancé récemment avec pour ambition de produire des données anatomiques en 3 dimensions à haute résolution et de les mettre à la disposition de tous et toutes.  « Et pour accompagner ce volume croissant de données, l’UM a fait l’acquisition d’un logiciel de gestion des collections qui centralisera tout le patrimoine », précise Gérald Chanques.

Car toutes ces collections n’ont pas seulement un intérêt patrimonial. « Elles ont été conçues dès l’origine comme des outils pour l’enseignement et la recherche », rappelle le vice-président. Un rôle qu’elles remplissent encore aujourd’hui, à l’image des collections de minéralogie qui sont utilisées dans la formation des étudiants en géosciences, ou encore celles de zoologie et paléontologie sur Triolet. Et pour améliorer ce lien étroit entre patrimoine, recherche et formation, le vice-président délégué au patrimoine historique souligne l’importance de mieux informer les enseignants-chercheurs et les étudiantes et étudiants sur leur existence et la diversité de leurs usages.

D’ailleurs la communauté universitaire n’est pas la seule visée par cette augmentation de visibilité, et c’est à tous les publics, y compris les scolaires, que ce patrimoine unique doit être rendu accessible. Pour y parvenir, le schéma directeur développe un projet inédit de valorisation des collections : ForUM.

Parcours muséographique

Ce projet ambitieux définit un nouveau périmètre de présentation des collections universitaires, articulé autour de quatre sites emblématiques dont la réhabilitation est financée par des contrats plan état région en cours : l’Institut de botanique, le Jardin des plantes, le bâtiment de l’Intendance du Jardin des plantes et le bâtiment historique de la Faculté de médecine. Situé en cœur de ville, ForUM se veut un véritable carrefour des savoirs, à l’intersection des sciences, de la médecine et de la pharmacie, de la botanique et de l’environnement, à proximité de la Faculté de droit, et donc au cœur de l’histoire universitaire montpelliéraine, et à proximité directe des autres campus desservis par l’entrecroisement de 3 lignes de tram d’ici la fin de l’année. Cette couverture patrimoniale urbaine ouverte sur la ville permettra de s’articuler parfaitement en termes de médiation avec le label Science avec et pour la société obtenu en 2024 par l’UM pour le projet « UM VIA des Sciences » co-construit avec la Métropole de Montpellier.

« ForUM proposera au public un véritable parcours entre des espaces muséographiques interconnectés, partant d’une grande salle de plus de 200 m2 à l’Institut de botanique, véritable vitrine des collections de l’Université. Les visiteurs poursuivront ensuite leur découverte du patrimoine en se dirigeant vers les différents sites du ForUM à proximité immédiate, ou en rejoignant par le tramway les autres sites de l’Université pour mieux découvrir la richesse patrimoniale exceptionnelle de l’UM », souligne Gérald Chanques, qui pointe aussi l’importance de ce projet pour « donner plus de lisibilité aux financeurs sur ce patrimoine unique ».

Un projet d’envergure qui permettra de redonner de la visibilité à ce patrimoine qui est toujours en évolution. « Témoin du passé d’une communauté, il s’est bâti au fil des siècles mais il s’enrichit et se construit en temps réel, et ce patrimoine universitaire ne doit pas être fixé dans le formol, c’est un patrimoine vivant que nous souhaitons protéger certes, mais aussi continuer à faire vivre et se développer pour la génération universitaire actuelle ».

Consulter le schéma directeur patrimoine historique et collections

Le patrimoine de l’UM en chiffres

  • Bâtiment historique médecine : 8 205m² de surface de plancher
  • Jardin des plantes : 4,6 hectares en site
  • Intendance du Jardin des plantes : 1 258 m² de surface de plancher
  • Institut de botanique : 11 363 m² de surface de plancher
  • Faculté de droit et de science politique installée dans l’ancien couvent de la visitation (1631) : acquisition de la chapelle de la Visitation de 350 m² de surface de plancher
  • Station méditerranéenne de l’environnement littoral : 1706 m² de surface de plancher

Près de 11,6 millions d’euros ont été engagés sur la dernière décennie sur des actions et des chantiers pour la préservation du patrimoine :

  • 4,5 M€ engagés sur le bâtiment historique de médecine
  • 4,5 M€ sur le Jardin des plantes
  • 1,3 M€ sur Institut de botanique
  • 1,3 M€ pour l’acquisition chapelle de la Visitation