Johanna Calderon : de Harvard University à l’UM

Chercheuse en neuropsychologie et psychiatrie à Harvard University, Johanna Calderon, prendra en janvier 2021 la tête d’une chaire d’attractivité à l’Université de Montpellier en neuro-développement des pathologies cardiaques congénitales. Une première en France.

A 37 ans, Johanna Calderon affiche un parcours académique impeccable. Une thèse en trois ans, deux post-doctorats et un poste d’enseignant-chercheur à la prestigieuse Harvard University. Le tout ponctué de plusieurs prix (dont le prix L’Oréal UNESCO et le prix solennel en Médecine de la chancellerie des universités de Paris) et d’une liste de publications qui s’étale sur trois pages de CV. Dernier succès en date, la jeune chercheuse vient de décrocher une chaire d’excellence à l’Université de Montpellier à partir de janvier 2021.

Le point de départ de cette carrière transatlantique est la curiosité de Johanna Calderon pour les capacités cognitives des enfants. Son doctorat en neuropsychologie pédiatrique à l’Hôpital Necker porte sur les conséquences des opérations à cœur ouvert sur le développement des jeunes enfants. Elle cherche alors à identifier les séquelles d’un manque d’oxygénation du cerveau – à cause des pathologies cardiaques et des pratiques chirurgicales – sur le développement neurocognitif. Une recherche qu’elle conduit d’abord sur des cohortes d’enfants de 3 ans, puis de 8 ans.

Un enjeu de santé publique

Johanna Calderon apporte ses premières briques à la discipline dès sa thèse et son postdoctorat en santé publique à l’Inserm. « Mon travail a contribué à décrire le profil du développement neurologique des enfants nés avec des malformations cardiaques. J’ai identifié une liste de troubles très spécifiques, qui étaient peu décelés car les enfants ont généralement une intelligence normale », explique la chercheuse. Elle apporte en particulier la preuve de troubles autistiques, ainsi que d’autres troubles du comportement et de l’attention.

A cheval entre deux disciplines – la neurologie et le psychologie –, ses travaux croisent les diagnostics du développement neurologique des enfants avec des tests psychologiques standardisés. Une approche neuro-développementale anglo-saxonne principalement quantitative. Sa spécialité sur les cardiopathies congénitales est en pointe aux États-Unis. Forte de ses premiers résultats de recherche, elle traverse l’Atlantique en 2015. Avec un postdoctorat au Boston Children’s Hospital d’abord, puis un poste en neuropsychologie et psychiatrie à Harvard University.

« Se réinsérer dans la recherche française »

Si ses travaux contribuent à la recherche fondamentale, le transfert des connaissances scientifiques en pratiques cliniques lui tient particulièrement à cœur pour améliorer le dépistage et le diagnostic, mais aussi la prise en charge. Ce dernier objectif est l’aboutissement de son travail : améliorer la qualité de vie des patients, maintenant que leur survie est largement assurée. Un enjeu de santé publique mondial alors que 1% de enfants naissent avec des pathologies cardiaques.

Sa recherche, Johanna Calderon va maintenant la poursuivre en France, puisqu’elle bénéficie d’une « chaire d’attractivité » financée par le projet MUSE qui permet d’assurer le financement de son poste mais également celui d’un post-doctorant. Deux scientifiques qui seront épaulés par un technicien de laboratoire grâce au soutien du CHU de Montpellier, et qui pourront ainsi contribuer à développer « l’axe de recherche neuro-cardiaque dans une perspective vie-entière, du fœtus a l’adulte, ce qui est une initiative pionnière dans notre pays », souligne l’intéressée.

Et Montpellier est un épicentre tout indiqué. Des projets sont déjà engagés avec deux équipes montpelliéraines, celle d’Alain Lacampagne,  directeur-adjoint et futur directeur du laboratoire PhyMedExp (UM,Inserm, CNRS, CHU Montpellier) et de Pascal Amedro, responsable du service pédiatrie au  CHU de Montpellier. A propos de son retour, la jeune femme ne cache pas non plus le plaisir de retrouver sa famille. Et d’ajouter que la cité languedocienne est une ville où elle s’imagine très bien vivre.

A propos du programme qui lui permet de revenir en France, Johanna Calderon salue « un dispositif attractif pour se réinsérer dans la recherche française ». Si le système américain donne accès à des moyens conséquents, la recherche de financements demande beaucoup d’énergie, sans garantie de continuité des projets de recherche. Et de conclure : « la perspective d’une future titularisation au sein d’un établissement de recherche français permet de projeter ma recherche à long terme, tout au long de la vie des patients. »

Johanna Calderon, Ph.D.

Docteur en Psychologie 

Principaux prix et distinctions et financements : 

  • 2019 – 2021– OFD Faculty Career Development Grant (PI)
  • 2016- 2019 – United States Department of Defense Grant (co-PI)
  • 2016- 2019 – Thrasher Research Fund Early Career Grant in Children’s Health and Development
  • 2016 – International Neuropsychological Society (INS) Research Award
  • 2015 – Prix Christian Nezelof- IMAGINE en Pédiatrie
  • 2014 – Bourse Post-doctorale L’Oréal UNESCO pour les femmes et la Science
  • 2014 – Prix Solennel de Thèse de la Chancellerie des Universités de Paris, Prix Aguirre Basualdo/ Robin en Médicine
  • 2010 – Prix de Recherche de l’Association ARCFA en Cardiologie Pediatrique (€18,000)