Audrey Merle, étudiante et championne du monde

De la souffrance et des larmes… de joie. En 2015, Audrey Merle aura connu toutes les émotions. Passée tout près d’une fin de saison prématurée, la triathlète de l’UFR STAPS termine l’année sur un titre mondial. Et peut continuer à rêver.
Les images se bousculent sans doute encore dans sa tête : les eaux froides du lac Michigan, les conditions météo dantesques ce jour-là sur la ville de Chicago, cette dernière ligne droite au bout de l’effort et puis l’attente, interminable, du verdict de la photo finish. Le 18 septembre, Audrey Merle a décroché le titre de championne du monde espoirs de Triathlon, devançant de quelques millièmes sa compatriote Léonie Périault, autre grand espoir tricolore de la discipline. “Je n’ai compris que 5 minutes après quand on m’a mis le drapeau français sur les épaules” se souvient-elle. Arrivée  avec un statut de favorite, la jeune femme aura su dompter la pression pour remporter, à 20 ans, la plus belle victoire de sa carrière. Une carrière qui aurait pu tourner court, au cœur de l’hiver dernier, quand les ennuis de santé s’accumulaient.

Blessures

“Je perdais du poids car mon corps assimilait mal les nutriments, j’étais victime de fractures… ” énumère-t-elle. Ce début de saison noir, la pensionnaire de l’UFR STAPS mettra plusieurs mois  à en trouver l’origine. La cause de ses déboires physiques finit par être identifiée en mai dernier : une “banale” intolérance au gluten. “A haut niveau le corps est une machine tellement précise que le moindre problème a des répercussions monstres” analyse aujourd’hui Audrey Merle, qui reconnait avoir été proche de raccrocher tant la douleur pouvait devenir insupportable.

A haut niveau le corps est une machine tellement précise que le moindre problème a des répercussions monstres

Une période qui appartient désormais au passé pour celle qui enchaine aujourd’hui les places d’honneur sur le circuit élite, où se côtoient les cadors de la discipline. “Le niveau est beaucoup plus dense, c’est difficile de sortir du “bouillon” et à vélo ça roule vraiment fort. L’arrivée des américaines il y a quelques années a rehaussé le niveau. C’est un sport où les points faibles ne sont plus trop les bienvenus” résume-t-elle.

Objectif JO

Longtemps resté dans l’ombre des garçons, le triathlon féminin affiche un nouveau visage, plus professionnel, une mutation portée par un engouement populaire pour ce sport combinant natation, vélo et course à pied qui connaît une croissance record de son nombre de licenciés. Pour se hisser au niveau des meilleures, la native de Chamalières dans le Puy de Dôme s’impose une discipline de fer. Jusqu’à 28 heures d’entraînement par semaine, sans compter ses études à l’université, essentielles à ses yeux. Inscrite en 3e année de licence, Audrey Merle aimerait s’orienter vers la recherche en biomécanique. Avant cette reconversion professionnelle programmée, d’autres objectifs sportifs se profilent.

Des athlètes talentueux il y en a beaucoup, mais la condition mentale est primordiale dans une telle compétition

Mais de quoi peut encore rêver une championne du monde ? La réponse tient en deux lettres : JO. “C’est une autre dimension, avec une composante psychologique énorme” juge-t-elle, consciente d’avoir encore à progresser sur ce terrain. “Des athlètes talentueux il y en a beaucoup, mais la condition mentale est primordiale dans une telle compétition”. Affichant une maturité impressionnante du haut de ses 20 ans, Audrey l’assure : les JO de Rio en 2016 arrivent un peu tôt pour sa génération, davantage programmée pour 2020. La jeune femme continue néanmoins de grappiller des points dans les compétitions internationales pour tenter de décrocher un dossard olympique. Sans pression donc mais avec, à n’en pas douter, une petite idée derrière la tête…