Le secret du pouvoir réconfortant des ours en peluche

Des scientifiques de l’Université de Montpellier, de l’Université Paul Valéry, d’Aix-Marseille, du CNRS, de l’IRD et de de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) se sont penchés sur le secret du pouvoir réconfortant des peluches. Grâce à une expérience participative innovante menée auprès d’un millier de participants âgés de 3 à 72 ans, et en étudiant les caractéristiques de centaines d’ours en peluche, ils ont montré que le lien émotionnel joue un rôle bien plus important dans le réconfort que n’importe quelle autre caractéristique. Des travaux publiés le 30 janvier 2023 dans The Journal of positive Psychology.

L’ours en peluche est un objet dit transitionnel, il apporte réconfort et sécurité en se substituant aux figures d’attachement, et permet ainsi de mieux gérer le stress lié à la séparation. Le nounours est le roi des peluches, et occupe une place importante dans les foyers occidentaux depuis le début du XXe siècle, y compris chez les adultes.

Une étude participative

Lors de la Nuit des Chercheurs de 2019, une étude participative a été menée dans 13 villes françaises afin de récolter les photographies et les caractéristiques de plusieurs centaines d’ours en peluche apportés par un millier de participants. A l’aide d’un questionnaire, les caractéristiques physiques, olfactives et kinesthésiques (douceur, facilité de manipulation, etc.) des ours ont été mesurées par les participants. Il leur était ensuite demandé de comparer le pouvoir réconfortant de leur ours avec huit autres ours en peluche. L’opération a ensuite été répétée, en utilisant un autre ours avec lequel les participants n’avaient aucun lien émotionnel.

Un lien émotionnel prédominant

Des scores de réconfort ont ainsi pu être calculés pour chacun des ours, selon qu’ils aient été évalués par leur “propriétaire” ou bien par une autre personne. Les résultats montrent que les participants surévaluent le pouvoir réconfortant de leur ours illustrant le fort effet du lien émotionnel. En plus de cet effet les résultats montrent aussi un effet significatif de la douceur, du volume, du fait d’être agréable à manipuler et à regarder. Le score de réconfort n’était pas lié au genre des participants ni à leur âge : la perception du réconfort d’un nounours ne change donc pas au fil de la vie et n’est pas biaisé par un effet de stéréotype de genre, contrairement à d’autres objets liés à l’enfance (tels que les poupées ou les camions de pompier).

Avant celle-ci, aucune étude ne s’était intéressée précisément aux caractéristiques prises en compte lors de l’attribution de ce pouvoir réconfortant (taille du nounours, longueur des poils, diamètre des yeux, etc.).

« Ce travail ouvre des pistes prometteuses pour étudier le fonctionnement psychologique des individus grâce aux ours en peluche, mais surtout il suggère une forme de prédictibilité de leur pouvoir réconfortant qui pourrait permettre d’en élargir la liste des usages, par exemple, à l’école, à l’hôpital, au travail, durant des négociations, en situation de crise »conclut Thierry Brassac médiateur scientifique à l’Université de Montpellier.