Se former par la recherche avec Idil

Depuis la rentrée 2022, près de 80 étudiantes et étudiants ont l’opportunité de se former par la recherche grâce au programme gradué Idil. Au menu : des cours dispensés en anglais, de l’immersion dans les laboratoires et différentes unités d’enseignement qui permettent une approche multidisciplinaire de l’enseignement, afin de répondre aux enjeux sociétaux actuels. Précisions avec Agnès-Fichard Carroll et Mathieu Sicard, co-porteurs de ce programme.

Les parcours Idil ont été ouverts à la rentrée universitaire 2022, en quoi consiste ce programme ?

Mathieu Sicard : L’ambition du programme Idil est de former les étudiantes et étudiants de différentes disciplines par l’apprentissage en laboratoire. Les étudiantes et étudiants sont immergés en laboratoire six mois par an, les cours dispensés en anglais et les programmes s’attachent à développer l’interdisciplinarité. Idil a également pour objectif d’amplifier l’accueil des étudiants internationaux à l’Université de Montpellier en augmentant l’attractivité de ses formations.

Agnès Fichard-Carroll : La gageure était de construire un projet où l’interdisciplinarité était très présente, tout en gardant un ancrage dans une mention donnée : les étudiantes et étudiants sont bien diplômés dans une mention mais auront suivi un parcours personnalisé où l’ouverture aux autres disciplines et à leurs concepts est un élément majeur.

En cette deuxième rentrée avec Idil, pouvez-vous nous dire combien d’étudiants sont inscrits dans ce programme gradué ?

MS : Concernant les masters environ 80 étudiants sont impliqués dans le programme Idil en M1 et en M2, sur 10 parcours et autant de mentions de disciplines différentes. En ce qui concerne le parcours pour les ingénieurs, il concerne plus de 20 étudiantes et étudiants. L’objectif c’était d’avoir 30 % d’étudiants internationaux, qui n’avaient pas étudié en France auparavant, ce qui est une condition pour avoir une bourse Idil : le contrat est rempli, notamment grâce à la présence d’Idil sur les salons internationaux. Aujourd’hui nous avons des étudiants américains, japonais, brésiliens qui nous écrivent pour avoir des renseignements sur le programme et savoir comment y postuler.

Est-ce que vous avez un profil type d’étudiants Idil ?

MS : Globalement nous recherchons des étudiants réellement motivés par l’apprentissage par la recherche en laboratoire, dotés d’une grande capacité d’adaptation, indispensable pour faire un parcours international et interdisciplinaire. Il faut qu’ils puissent, par exemple, gérer ce qui est mutualisé entre les différents parcours en se renseignant auprès de l’équipe Idil, qui les accompagne. Les étudiants doivent se montrer flexibles pour arriver à organiser leur emploi du temps car des incompatibilités arrivent forcément. C’est impossible de coordonner les emplois du temps de 10 parcours dans 5 composantes différentes.

AFC : Je voudrais ajouter que si les étudiantes et étudiants doivent être curieux, flexibles, le programme a aussi, du fait de sa dimension inter-composantes, nécessité un investissement important des équipes pédagogiques mais aussi des équipes administratives : il était nécessaire de travailler le programme pédagogique mais aussi les procédures propres à chaque UEI. C’est l’occasion pour nous de les féliciter du travail accompli : les difficultés sont aplanies et forcément cela a un impact favorable sur le déroulé du parcours des étudiants.

A ce propos, comment les étudiants sont-ils accompagnés dans leur parcours ?

AFC : Il y’a déjà une équipe IDIL de quatre personnes, un chargé de projet, deux ingénieurs pédagogiques, un gestionnaire administratif qui font un travail remarquable d’accompagnement auprès des étudiantes et étudiants mais aussi auprès des équipes en central et dans les composantes.

MS : En plus de cette équipe Idil, les étudiants sont accompagnés par deux personnes expérimentées dans la recherche : un tuteur et un mentor. Le tuteur pédagogique est présent en M1 uniquement, c’est plutôt un enseignant-chercheur qui est là pour guider l’étudiant dans le choix de ses unités d’enseignement, en complément de son immersion en laboratoire. Il accompagne également l’étudiant dans son projet personnel de M1, un travail bibliographique et méthodologique qui prépare l’immersion en laboratoire.

Et le mentor, quel est son rôle ?

MS : Le mentor, qui intervient en M1 et en M2, est un chercheur ou un enseignant chercheur dans la composante recherche de son travail, c’est lui qui va encadrer l’étudiant dans son laboratoire, comme dans un stage classique mais sous une forme plus approfondie. Non seulement en termes de durée car en M1 les étudiants Idil passent 6 mois en laboratoire, mais aussi en termes d’engagement car ce stage n’est pas seulement un stage de recherche mais également une immersion dans la compréhension du laboratoire : les étudiants Idil suivent des réunions, des séminaires, pour comprendre aussi la vie du chercheur. Et au-delà de cela le mentor s’engage également à approfondir les connaissances générales de l’étudiant sur sa discipline grâce notamment à des lectures accompagnées d’articles avec des moments de discussion privilégiés. Il permet de compléter au laboratoire les connaissances généralistes de l’étudiant sur son domaine. D’ailleurs l’activité du mentor est reconnue à hauteur de 20 heures équivalent TD, non pas pour encadrer le stage mais bien pour enseigner au cœur même de son laboratoire.

Est-ce que l’étudiant garde le même mentor en M1 et en M2 ?

MS : C’est tout à fait possible puisque l’étudiant peut potentiellement rester dans le même labo en M1 et en M2 et pourquoi pas y poursuivre en thèse puisqu’il y a des contrats doctoraux Idil.

AFC : Effectivement au total, un étudiant pourrait rester sur une durée de cinq ans dans le même laboratoire. Le programme IDIL étant adossé à la recherche, il était logique également qu’il comporte des contrats doctoraux présentant le même caractère interdisciplinaire.

Comment se font les duos étudiants – mentors ?

MS : Au début de l’année lors de l’école d’été interdisciplinaire les mentors vont présenter leurs projets de recherche et les étudiants vont pouvoir choisir. C’est ce qui marque le début du programme, tous les soirs de cette école d’été, il y a des conférences interdisciplinaires, par exemple « management et écologie », « politique de la science et science politique »… Ces conférences sont données en anglais essentiellement par des chercheurs montpelliérains mais également par des chercheurs internationaux invités. C’est un moment très intéressant où tous les parcours se mélangent et où chacun pose des questions avec différentes visions, origines, compétences. Il y a aussi une journée « team building » où les étudiantes et étudiants Idil participent à des activités qui facilitent l’intégration. Cette école d’été se termine par un gala au Jardin des plantes.

Est-ce que cette école d’été permet aux étudiants de mieux s’identifier et de se « sentir » Idil ?

MS : Oui c’est important car au cours de l’année ils sont surtout avec les étudiants de leurs disciplines ! Pour les aider à sentir l’appartenance au programme gradué Idil, il y a aussi une animation toute l’année qui s’appelle la « Idil house cup ». Les étudiants Idil des différents parcours sont mélangés dans différentes maisons et vont participer à des challenges, par exemple ramasser un maximum de déchets sur les plages, ou encore aller visiter le Moco ce qui est aussi un moyen de leur faire découvrir des éléments culturels. L’équipe IDIL organise aussi des événements au moins une fois par mois qui leurs permettent de se retrouver.