Avec la sécheresse, est-ce qu’on pourra toujours faire de l’électricité avec des barrages ?

Alice, 12 ans, future directrice de Poudlard.

Tous les barrages que tu vois ne sont pas destinés à produire de l’électricité ; certains servent à alimenter l’agriculture ou à réguler le débit des fleuves. Les barrages qui produisent de l’électricité représentent en France entre 11 et 12 % de l’électricité produite, c’est moins que le nucléaire mais plus que l’éolien et le solaire. Au niveau mondial, l’énergie hydraulique est la première source d’énergie décarbonée au monde. On l’appelle comme ça parce qu’elle n’émet pas de CO2, même si on produit du carbone lors de la construction du barrage. Ces ouvrages sont surtout un moyen de stocker l’électricité : on stocke l’eau car on ne sait pas stocker l’électricité à grande échelle dans des conditions économiques.

Il existe trois principaux types de barrages : des barrages au fil de l’eau qui turbinent en continu sur un fleuve, des barrages de lacs qui disposent d’une retenue d’eau importante et permettent donc de faire du stockage inter-saisonnier, et des stations de pompage qui se composent de deux barrages, l’un en amont et l’autre en aval d’une conduite forcée. On pompe l’eau pour la remonter de l’aval vers l’amont aux heures creuses et on produit de l’électricité aux heures de pointe en turbinant l’eau du barrage amont. Cela permet d’optimiser le moment où l’on veut produire l’électricité.

Il existe encore un fort potentiel de production hydroélectrique dans le monde mais ce potentiel reste limité en France. Le réchauffement climatique risque en effet de compromettre le recours à l’hydroélectricité du fait du manque d’eau dans les fleuves mais aussi en raison du moindre enneigement en montagne car la fonte des neiges alimente fortement le débit des cours d’eau. De plus, la compétition entre les usages énergétiques et les usages agricoles risque de s’intensifier si l’eau est plus rare. L’eau des fleuves sert aussi à refroidir les centrales nucléaires, ce qui explique que les nouvelles centrales seront plutôt construites en bord de mer. Les barrages doivent parfois procéder à des lâchers d’eau pour permettre l’irrigation, notamment en été. Mais l’eau déversée n’est plus disponible alors en hiver ce qui réduit la production d’électricité.

Jacques Percebois – Professeur Emérite à l’Université de Montpellier.

Un article en partenariat avec le site The Conversation.


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