« Bienvenue à bord du vol MT180 » avec Déborah Faucon

Déborah Faucon est étudiante en troisième année de doctorat à l’Institut d’électronique et des systèmes (IES) de l’Université de Montpellier. Le 28 mai dernier elle a remporté le prix du jury de la finale régionale du concours « Ma thèse en 180 secondes » (#MT180) organisé par le Collège doctoral. Une édition 2020 marquée par les impératifs du confinement. Portrait d’une doctorante de haut-vol.

La spécialité de Déborah Faucon ? Le métal. Mais pas n’importe quel métal, celui dont on fait des avions et même plus, celui dont on fait les cadres de porte de l’Airbus A350 : le titane ! Un matériau qui pour être exploité doit être chauffé puis battu « comme une pâte à pain » explique la doctorante. Un procédé efficace qui peut néanmoins occasionner la survenue de petits défauts à l’intérieur même de la pièce et accélérer ainsi son usure.

Mais que les aviophobes se détendent, ces défauts ? Déborah en fait son affaire et, à l’aide d’ultrasons, elle les traque, les détecte et les localise : « C’est exactement le même procédé que pour une échographie. J’envoie un signal ultrasonore dans l’échantillon métallique, je récupère le signal qui est réfléchi dans le matériau et je le post-traite avec des systèmes numériques en utilisant des algorithmes. » Si l’utilisation des ultrasons n’est pas nouvelle en métallurgie, le travail de Déborah Faucon innove par la nature des défauts repérés : « je ne recherche pas des bulles d’air mais des gros grains ; or il y a très peu d’approches ultrasonores sur l’évaluation du comportement microstructural des métaux. »

De la chimie à la métallurgie

Une thèse qu’elle effectue un pied, ou plutôt une aile, dans l’université, l’autre dans l’entreprise de métallurgie Aubert&Duval. Un bon compromis pour cette jeune femme au parcours atypique : « Après un DUT et une licence de chimie que j’ai passé en Angleterre, je me suis orientée vers un master en génie des matériaux à Toulouse, ma ville d’origine. » A l’issue de son master, la Toulousaine commence à modifier son plan de vol pour pénétrer le milieu de l’aéronautique et entrer chez Airbus : « Je me suis faite embaucher en tant qu’intérimaire et j’y suis restée un an et demi. C’était un travail assez robuste où nous observions de grosses pièces d’avion pour comprendre l’origine de la casse. »

Au cours de cette expérience Déborah s’initie au contrôle non destructif et soulève quelques problématiques particulières. Elle entrevoit alors un sujet de thèse possible qui l’éloigne définitivement de la chimie et la rapproche de la métallurgie physique. « Il se trouve que cela s’est corrélé avec une proposition chez Aubert&Duval donc j’ai décollé. C’est vrai que mon passage chez Airbus a fait basculer mon profil, mais la chimie continue de m’aider dans la compréhension des caractéristiques du métal. »

Un concours sous confinement

Un goût du challenge qui n’est pas pour rien non plus dans sa candidature à la finale régionale du concours MT180. Une finale organisée cette année dans des conditions particulières puisque, confinement oblige, c’est depuis leur domicile et face à la caméra de leur téléphone que les treize candidats ont dû réaliser leur prestation. « C’était une épreuve difficile. Je me suis entraînée devant la glace et j’envoyais les vidéos à mes collègues ou aux autres candidats pour avoir des retours. Il a fallu adapter le texte qui était prévu pour la scène et essayer de le rendre le plus vivant possible mais faire un discours devant une caméra quand il n’y a pas d’auditoire c’est un peu fade et frustrant. »

Une frustration sur laquelle Déborah Faucon espère bien prendre sa revanche si les conditions sanitaires autorisent la tenue d’une finale nationale sur scène et en public ; « Je suis super motivée. J’arrive au dénouement de ma thèse avec en plus un concours à la clé. C’est important pour moi de faire valoir mes activités et celles de mon laboratoire et j’ai très envie de voir en direct comment le public reçoit mon texte ». Si la date de décollage de ce vol MT180 au long cours reste encore inconnue, une chose est sure, l’Université de Montpellier toute entière sera en cabine pour l’applaudir !