Plasmo detect : diagnostiquer le paludisme en un clic, ou presque…

Après avoir été lauréat du Booster innovation de Montpellier en 2024, le chercheur Grégoire Pasquier est sur le point de finaliser une nouvelle application capable de détecter avec précision, à partir d’un frottis sanguin, le type et le degré de gravité du paludisme… Grâce à un smartphone.

Crédit mycteria / stock.adobe.com

Praticien hospitalo-universitaire et chercheur au laboratoire Migevec, Grégoire Pasquier a imaginé le concept en utilisant l’appli Pl@ntNet, qui permet d’identifier des plantes à partir d’un catalogue photos. Depuis 2021, en parallèle d’une thèse sur l’implication de Schizophyllum commune en pathologie humaine, il planche donc sur Plasmo detect, une application capable de détecter un paludisme le plus tôt possible et sous toutes ses formes via un smartphone adapté au microscope. “ Actuellement, la méthode de référence pour diagnostiquer le paludisme c’est la microscopie en réalisant ce qu’on appelle un frottis sanguin. Mais il faut pas mal d’expertise pour arriver à déterminer laquelle des cinq espèces de parasites existantes est à l’origine de la maladie et le stade de cette dernière. Avec Plasmo detect, nous espérons parvenir à automatiser ce process à l’aide d’une intelligence artificielle qui classifie les images”, explique Grégoire Pasquier.

30 000 images de frottis sanguins

Dans un premier temps, lui et l’informaticien qui l’épaule ont donc photographié et annoté près de 30 000 images de frottis sanguins de personnes infectées par les différentes espèces de Plasmodium. Un catalogue indispensable pour identifier l’espèce, mais aussi établir la parasitémie qui correspond au pourcentage de globules rouges infectés. “Au-delà de 4%, c’est un critère de gravité”, ajoute le chercheur. “Pour l’instant, nous arrivons à définir la bonne espèce dans 80% des cas. Selon les critères du manuel qualité de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), nous sommes au niveau 2. Pour arriver au niveau 1, nous devons atteindre les 90%. Donc nous sommes en train d’améliorer les performances de l’algorithme et de l’appli”, résume Grégoire Pasquier.

Pour y parvenir, l’équipe augmente actuellement la base de données photographiques, et annote les images déjà à disposition pour y intégrer les stades parasitaires détectés sur chaque frottis sanguin. “On peut aller encore un peu plus dans le détail par rapport à ce qui a été fait jusqu’ici”, estime le scientifique, qui espère à court terme de meilleurs résultats.

Tests à grande échelle

Lauréat du Booster innovation Montpellier (BIM), un dispositif d’accompagnement porté par le Pôle universitaire d’innovation (PUI), Plasmo detect a décroché une enveloppe de 30 000 euros pour poursuivre l’effort et parvenir à une application fiable et utilisable d’ici 2027. L’année prochaine, un étudiant en master 2 spécialisé en intelligence artificielle viendra agrandir l’équipe. Grégoire Pasquier compte aussi investir une partie de cette somme dans un ordinateur plus puissant et une caméra de précision.

Grâce aux ateliers du BIM dédiés à la création de start-ups, le porteur du projet a également pu se former dans le domaine de l’entrepreneuriat. “Cela ouvre des perspectives intéressantes”, souligne-t-il. Dans les semaines à venir, l’application pourrait d’ores et déjà passer entre les mains d’une entreprise de télémédecine, capable de la tester à grande échelle. “Nous venons de signer un accord de confidentialité, c’est en très bonne voie.”

260 millions de personnes touchées

Le 25 novembre, le fondateur du projet Plasmo detect représentera aussi le PUI lors de la cérémonie Starthèse, qui se déroulera à Lyon. L’occasion pour Grégoire Pasquier de se familiariser une nouvelle fois avec l’entrepreneuriat et pour l’Université de Montpellier de valoriser des projets innovants qui répondent à des enjeux de santé potentiellement graves et prégnants.

Le paludisme touche en effet près de 260 millions de personnes dans le monde chaque année et en tue près de 600 000. La plupart des cas répertoriés se situent en Afrique subsaharienne, “où peu de gens sont formés à la lecture des frottis sanguins”, contextualise le chercheur. D’ici 2027, Plasmo detect pourrait donc faciliter le diagnostic, guider le traitement bien plus rapidement et peut-être même sauver des vies…