Soigner dans le monde de demain

Développement accéléré, augmentation de l’espérance de vie, raréfaction des ressources… Les pays du Sud sont en pleine mutation et les besoins sanitaires de leurs populations évoluent. La réponse sanitaire attendue aussi. État des lieux en compagnie des enseignants-chercheurs de l’Université de Montpellier.

IGH © Miss Buffet Froid

« Avec l’alignement de leur mode de vie sur le nôtre, les pays du Sud seront vite confrontés aux mêmes maladies que nous, notamment celles associées à la sédentarité : obésité, diabète, maladies cardiovasculaires« , prédit Jacques Mercier. Pour le vice-président de l’Université de Montpellier chargé de la recherche, outre l’arrivée de ces maladies « de pays riches », les pays du Sud vont bien vite se retrouver massivement confrontés à un nouveau défi auquel ils ne sont pas vraiment préparés : le cancer.

Le cancer, maladie du XXIe siècle

À la tête de l’ICM (Institut du Cancer de Montpellier), Marc Ychou en est persuadé, le cancer est et restera la maladie prédominante dans les trente années à venir. L’augmentation de l’espérance de vie et le vieillissement de la population s’accompagnent inéluctablement d’une augmentation du nombre de cancers. Bon nombre d’entre eux (environs 20 % aujourd’hui selon l’Organisation Mondiale de la Santé) sont d’ailleurs dus à des agents pathogènes – parasites, bactéries, virus – particulièrement abondants dans l’hémisphère sud. Des agents qui influencent précisément le bon fonctionnement du système immunitaire en charge de détruire les cellules cancéreuses.
Ainsi, dans le contexte d’un allongement de la durée de vie, comprendre comment dans les zones de la planète les plus exposées aux infections le système immunitaire va gérer la menace cancéreuse grandissante est devenu un enjeu de recherche primordial.

Vaincre le sida

« Sur 35 millions de porteurs du VIH, 25 millions sont en Afrique » , constate Eric Delaporte, infectiologue au CHU de Montpellier et professeur à l’Université de Montpellier. À la question chapeau « comment en finir demain avec le VIH ? » , le professeur de médecine n’a évidemment pas de réponse. « Si les recherches pour trouver un vaccin préventif ou thérapeutique se sont jusqu’à présent révélées infructueuses, il y a des avancées thérapeutiques majeures » , précise l’enseignant-chercheur spécialiste notamment du VIH. « On ne guérit pas encore du sida, mais de mortelle, la maladie est devenue chronique. Et les thérapies d’aujourd’hui empêchent désormais la transmission du virus« , explique Monsef Benkirane, le directeur de l’Institut de Génétique Humaine (IGH). « En Afrique la stigmatisation des personnes contaminées est encore parfois un frein pour se faire dépister, et même se faire soigner » , poursuit le directeur de recherche au CNRS.

Vaincre le sida dans les pays du Sud ne sera pas une mince affaire car à côté de facteurs culturels de très nombreux obstacles liés notamment à la fragilité des systèmes de santé sont à surmonter. Plus que jamais pour soigner le VIH dans les pays du Sud la recherche doit continuer pour développer, entre autres, une approche innovante de la maladie.

Objectif 90 %

Pour mettre fin à l’épidémie du sida, l’ONU fixait, fin 2014, comme objectif à l’horizon 2020 que 90 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, que 90 % de ces personnes dépistées reçoivent un traitement antirétroviral durable, qu’enfin, 90 % d’entre elles aient une charge virale durablement supprimée.
A l’heure actuelle, deux ans à peine avant cette échéance, seules 70 % des personnes porteuses du VIH connaîtraient leur statut sérologique. 77 % de ces personnes dépistées, recevraient un traitement antirétroviral adapté. 80 % d’entre elles auraient une charge virale supprimée.

Prévenir le virus ebola

En 2014, le virus Ebola connaissait son épidémie la plus meurtrière. 11 310 personnes décédaient en Afrique de l’Ouest, selon le bilan dressé par l’Organisation Mondiale de la Santé. 10 000 autres survivaient avec de graves séquelles. L’homme se contamine probablement en manipulant des animaux infectés lors de la chasse et du dépeçage. Porté par Ahidjo Ayouba (UM, IRD), le projet « Post-Ebola Résilience Initiative » , sélectionné dans le cadre du premier appel à projets Muse « Soutien à la recherche 2017 », vise à documenter la présence du virus à l’interface entre la faune sauvage et l’homme selon une approche « One health »*.
Ce projet soutenu à hauteur de 100 000 euros sera réalisé en Guinée, en République démocratique du Congo et au Cameroun, avec pour objectif de connaitre la circulation de ce virus dans le monde animal. Une information indispensable pour prévenir de nouvelles épidémies chez l’homme.

* Il s’agit d’une approche intégrée de la santé qui met l’accent sur les interactions entre les animaux, les humains et leurs divers environnements.

I-SITE MUSE

« Nourrir, soigner, protéger« , trois enjeux globaux pour le XXIe siècle au coeur de l’I-SITE MUSE.
Le projet MUSE « Montpellier Université d’Excellence » mobilise les forces de 19 institutions vers une ambition commune : faire émerger à Montpellier une université thématique de recherche intensive, internationalement reconnue pour son impact dans les domaines liés à l’agriculture, l’environnement et la santé, susceptible de devenir pour tous les membres du consortium un partenaire académique auquel ils seront fortement liés et dont ils pourront se prévaloir.