Vivez joyeux, vivez Rabelais !

Le mercredi 8 mars, étudiantes et étudiants, médecins, personnels et amis de l’Université étaient réunis au Jardin des plantes pour inaugurer le monument Rabelais restauré. Une occasion pour l’association carabine montpelliéraine de réaffirmer sa filiation avec l’écrivain français, ancien étudiant de la Faculté de médecine de Montpellier, mais aussi avec sa philosophie résumée dans la célèbre formule : « Vivez joyeux ! ».

Ils sont une vingtaine à se distinguer parmi la petite foule qui se glisse dans le jardin des plantes de Montpellier en cette matinée brumeuse du 8 mars. Arborant fièrement leur faluche, les carabins et carabines de Montpellier ont les yeux rivés sur le monument Rabelais, leur monument, enfin restauré grâce au concours de l’Université, de la Faculté de médecine, et de l’incontournable Fondation d’entreprises du Jardin des plantes qui a bien voulu les accompagner dans ce projet à haute valeur affective et symbolique.  « Ce monument qui a été inauguré il y a 102 ans et cette pensée de Rabelais en dit encore beaucoup sur les étudiants de Montpellier, a ainsi déclaré Camille Pelissier, président de l’association carabine montpelliéraine. Elle est la substantifique moelle de notre folklore et de nos valeurs que nous transmettons d’année en année et qui nous sont si chers. »

Au folklore des carabins

Et si ce folklore reste en grande partie affaire d’initiés, les étudiants et étudiantes présents ce matin-là n’hésitent pas à partager leur souvenir de « carabinage ». Une cérémonie réunissant chaque année au pied du monument, les aspirants carabins arrivés en fin de deuxième année pour leur intronisation dans la corporation. La coutume veut qu’après avoir prêté serment, chaque étudiant prenne une photo au dos de la sculpture où apparait, gravée dans la pierre, la fameuse maxime de l’écrivain : « Vivez joyeux ! ». « Nous faisons des études difficiles, poursuit Camille Pelissier, c’est important pour nous d’insister sur cette célébration des plaisirs de la vie. »

C’est en 1921, à l’occasion des 700 ans de la Faculté de médecine de Montpellier, que les carabins d’alors commandent cette œuvre au sculpteur Jacques Villeneuve qui la baptisera « En vin vérité ». Sous le buste de Rabelais qui surplombe le monument, les visages de Pantagruel et Gargantua encadrent un bas-relief représentant une scène tirée d’une farce écrite et jouée à l’époque par Rabelais rue de la Loge. Au premier plan une allégorie de la Faculté de médecine sous les traits d’une femme en costume professoral se penche sur les Aphorismes d’Hippocrate traduits en grec par Rabelais. Sur la droite enfin, un étudiant carabin fait face à Rabelais et tend dans sa main droite une coupe de vin.

La coupe à nouveau pleine

Une coupe qui avait mystérieusement disparu dans les méandres de l’histoire et que cette restauration fait resurgir du passé. « Les manques font normalement partie de l’histoire du monument, il ne viendrait à l’idée de personne d’ajouter les parties manquantes de la Vénus de Milo, mais là avec cette coupe il y avait un sens à restaurer » explique Pierre-Jean Trabon architecte du patrimoine qui a mené cette restauration avec l’assentiment de la Drac.  « Nous avons participé à toutes les réunions de chantier, poursuit Camille Pelissier. Le sens de ce monument se transmet de génération en génération, nous avions la connaissance de détails qui n’étaient pas connus par les architectes. » Des détails que le nettoyage de la pierre envahie par la végétation mais aussi le rejointoiement des pierres et le réaménagement des abords révèlent à nouveau dans toute sa beauté. 

Et c’est pour célébrer cette beauté retrouvée et la certitude que des générations d’étudiantes et d’étudiants continueront encore de célébrer l’art de vivre rabelaisien que les carabins et carabines de Montpellier ont achevé cette cérémonie coupe à la main pour accompagner les mots de leur président :

« Amis carabins devant notre maitre à tous François Rabelais levons notre verre avec lui et surtout n’oublions jamais de vivre joyeux ! »

Santé.