Et les lauréats des Trophées de l’innovation sont…

Rendez-vous annuel incontournable depuis 2019, l’Afterwork de l’innovation donnait rendez-vous aux acteurs de la recherche universitaire et de ses partenaires issus du monde socio-économique ce mercredi 28 juin au Jardin des plantes. Au programme de cette soirée estivale : conseils, réseautage collectif et remise attendue des Trophées de l’innovation. Et pour cette quatrième édition ce sont six chercheurs qui ont été primés.

Mercredi 28 juin, 17h. De petites groupes se pressent à travers le Jardin des Plantes en direction du parvis de l’Institut de botanique. Dans ce cadre arboré se déroule l’”Afterwork innovation” de l’Université de Montpellier, une soirée d’échanges et de rencontres à laquelle ont été conviés les actrices et acteurs de la recherche et leurs partenaires issus du monde socio-économique. Pour la centaine d’invités, la soirée commence par un moment d’échanges et de réseautage pour découvrir les moyens de valoriser un projet, pour s’informer sur les voies de collaboration possibles ou pour bénéficier de conseils d’accompagnement à la création d’entreprise. Une parenthèse conviviale avant le lancement, par le président Philippe Augé, de la quatrième cérémonie des Trophées de l’Innovation. Six trophées sont attribués cette année, un pour chacun des 5 pôles de recherche correspond aux grandes communautés scientifique de l’UM et un prix “coup de cœur” interdisciplinaire.

Avant de révéler les noms des lauréats du jour, Hind Hemad, vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole déléguée au développement économique et Philippe Combette, vice-président chargé des partenariats et de l’innovation de l’Université de Montpellier se sont succédés sur l’estrade pour rappeler les grandes réussites des chercheurs de l’UM en matière d’innovation. Parmi elles Terratis, une deeptech visant à lutter contre le moustique-tigre que Celia Oliva, dirigeante de l’entreprise, est venue présenter pour  « transmettre l’envie à d’autres de se lancer dans l’entrepreneuriat ». Autre parcours mis en lumière : celui de la société Microphyt par la voix de son directeur général Vincent Usache qui a tenu à souligner qu’un « partenariat entre un laboratoire et une société privée permet de monter en compétitivité ».

Dolphinfree : protéger les dauphins de la surpêche

Car c’est bien la valeur ajoutée de la recherche à la démarche d’entrepreneuriat qui relient l’ensemble des participants ce soir-là, que leur projet soit encore dans leur tête où qu’il soit en phase de développement. Et pour motiver chacun et chacune à croire en ses projets, l’Université, a cette année encore, récompensé les chercheurs engagés dans un projet innovant. Dans la catégorie agriculture-environnement-biodiversité, Bastien Mérigot, enseignant-chercheur à Marbec a reçu un trophée pour Dolphinfree. Un système de balises acoustiques nouvelle génération destiné à protéger les dauphins des captures accidentelles dans les filets de pêcheurs, première cause directe de mortalité des mammifères marins, grâce à un signal sonore bio-inspiré basé sur des ultra-sons qui les dissuadent de s’en approcher. Un dispositif qui devrait être testé prochainement à l’échelle nationale. Bastien Merigot cherche déjà de nouveaux financements pour adapter son système de balises à d’autres espèces menacées.

CarboZym : Un procédé chimique industriel plus respectueux de l’environnement

Dans la catégorie chimie Jullien Drone, enseignant-chercheur à l’école nationale supérieure de chimie (ENSCM) de Montpellier rafle la mise avec CarboZym. Une startup en cours de création dont il souhaite prendre la direction dans les mois à venir. Ce projet est l’aboutissement d’un travail mené avec Nicolas Brun, chercheur à l’Institut Charles Gerhardt Montpellier (ICGM). Ensemble, ils ont développé un procédé unique d’immobilisation des enzymes, consistant à les fixer sur un support poreux et biosourcé, permettant ainsi une biocatalyse efficace et respectueuse de l’environnement. « Deux brevets ont été déposés début 2023, nous avons franchi le cap du million d’euros de financements et nous venons de lancer un tour de table afin de lever 3 millions d’euros qui nous permettront d’amener cette innovation à l’échelle industrielle » se félicite Jullien Drone.

EPITRANSDIAG : l’ARN contre le cancer

Autre projet mature primé mais dans la catégorie bio-santé cette fois, EpiTransDiag. Cette innovation est le fruit d’un consortium co-dirigé par Alexandre David, chercheur à l’institut de génomique fonctionnelle (IGH), Christophe Hirtz, enseignant chercheur responsable de la plateforme de protéomique clinique de Montpellier, et Eric Rivals, chercheur au laboratoire d’informatique, de robotique et de microélectronique (Lirmm). Il s’agit grâce à l’étude des modifications chimiques de l’ARN, à travers l’analyse de l’épitranscriptome, de développer des outils innovants en association avec le machine learning et permettre à terme d’ouvrir des perspectives thérapeutiques novatrices dans le diagnostic et le traitement du cancer. Alors qu’un brevet a déjà été déposé, il s’agit selon Alexandre David de développer à Montpellier une « chimie de l’ARN » à la pointe. Le projet a déjà donné naissance à la première plateforme clinique de spectrométrie de masse des modifications chimiques de l’ARN en France.

Thor eyes : Mieux comprendre l’impact d’implants thoraciques

D’autres projets, bien que prometteurs, ont encore besoin de soutien dans leur démarche entrepreneuriale. C’est le cas de Thor eyes une innovation récompensée dans la catégorie MIPS (mathématiques, informatique, physique, systèmes). Issue d’une collaboration entre Laurence Solovei, chirurgienne dans le service de chirurgie thoracique et vasculaire du CHU de Montpellier et l’équipe de biomécanique du laboratoire de mécanique et génie civil (LMGC), Thor Eyes est aujourd’hui un projet de transfert technologique porté par Jimmy Teixeira, ingénieur mécanique. Une technologie vidéo de stéréo-corrélation à 360° donne la possibilité de mesurer les mouvements de déformation à la surface des êtres vivants, comme la respiration du thorax, de manière efficace et non invasive. Des études doivent encore être menées pour développer le projet et étudier les champs de ses applications.

JeudeCompta : casser les stéréotypes du comptable

Après une première version sous forme de jeu de plateau, JeudeCompta est un projet d’application numérique en cours de développement mené par Guillaume Dumas, enseignant-chercheur à Montpellier Management. Ce dernier s’est demandé « comment casser les stéréotypes du comptable derrière son bureau et rendre ludique le premier contact des étudiants avec la discipline » tout en s’adressant plus largement à celles et ceux « qui veulent acquérir des connaissances de base pour communiquer avec leur expert-comptable ».

Inséparable : humaniser les soins hospitaliers

Enfin c’est par le trophée « coup de cœur interdisciplinaire » que s’est terminée la soirée. Un prix attribué au médecin anesthésiste réanimateur, Dorian Grégoire et son projet « Inséparable ». Une application pensée pour fluidifier les échanges entre les proches des patients hospitalisés en réanimation et le personnel soignant. Pour Dorian Grégoire ce projet peut être un « vecteur d’humanisation des soins à l’hôpital » malgré les contraintes et l’impact psychologique de l’hospitalisation d’urgence. Une étude clinique est en cours au CHU de Montpellier.

Cette année encore « l’Afterwork innovation » aura été l’occasion pour les chercheuses et chercheurs qui n’ont pas encore franchi le pas de découvrir les services d’accompagnement offerts par l’Université de Montpellier. Quant aux Trophée de l’innovation, ils sont la preuve cette année encore que l’entrepreneuriat de demain est avant tout centré sur l’humain. Quand la science porte un engagement sociétal, tout le monde est gagnant : le monde universitaire, le monde socio-économique et la société.