GLOPACK, le projet qui emballe le jury des Étoiles de l’Europe

Valérie Guillard, chercheuse au laboratoire Industrie des agropolymères et technologies émergentes (IATE), est lauréate des étoiles de l’Europe qui priment la recherche et l’innovation pour le projet GLOPACK, qui explore les emballages alimentaires à faible impact environnemental.

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En son temps, ce fut une petite révolution dans le domaine de l’agroalimentaire. Léger, malléable, économique, le plastique est vite apparu comme la panacée en matière d’emballage. C’est Lesieur qui en aura la primeur en lançant la première bouteille en PVC sur le marché en 1963. « Les propriétés extraordinaires du plastique ont considérablement contribué au développement de l’industrie agroalimentaire notamment en maximisant la durée de vie des produits, ce qui a représenté un gain économique considérable », raconte Valérie Guillard, chercheuse au laboratoire IATE.

Préoccupation environnementale

Soixante ans plus tard, l’enjeu est ailleurs car le plastique est partout. Dans les océans, dans les rivières, au sommet des glaciers, dans l’organisme des animaux, dans le lait maternel. Macro, micro ou nano, il ne se passe pas un mois sans que l’on trouve le plastique là où on ne le voudrait pas. « La préoccupation environnementale liée à la pollution générée par les emballages plastiques est apparue dans les années 2000, et de là a émergé la nécessité de mettre au point d’autres types d’emballages ayant un plus faible impact environnemental ».

C’est l’essence même du projet GLOPACK pour lequel Valérie Guillard a reçu le prix spécial du jury des étoiles de l’Europe, destiné à récompenser des coordinateurs et coordinatrices de projets européens de recherche et d’innovation. Un projet triplement innovant puisqu’il relève trois défis clés : l’emballage de demain sera donc biosourcé et biodégradable, actif et intelligent.

Biosourcé et biodégradable

Si la recette de ce bioplastique made in Montpellier reste secrète, les ingrédients eux peuvent être révélés. « Les emballages que nous avons mis au point sont constitués d’un polymère issu de la fermentation de résidus de l’industrie du jus de fruits, et de fibres cellulosiques», détaille Valérie Guillard. En formulant le tout suivant un savant protocole et en l’assemblant grâce à des technologies innovantes, les chercheurs obtiennent un matériau qui ressemble comme un frère au plastique, en version totalement biodégradable.

Ce polyhydroxyalcanoate, ou PHA, relève haut la main ce premier défi. « L’objectif que nous nous sommes fixé est d’atteindre une biodégradation ultime en conditions naturelles, c’est-à-dire dans le sol ou en compost domestique par exemple », complète la chercheuse qui précise qu’il peut aussi être réutilisé. Conséquence : un matériau qui ne s’accumule pas dans l’environnement et réduit l’empreinte écologique de l’emballage.

Actif et intelligent

Cerise sur le gâteau : cet emballage issu des travaux du laboratoire IATE se veut actif et intelligent. « Actif car il permet d’améliorer la conservation des aliments et leur durée de vie sans avoir recours aux additifs ». Et intelligent car il intègre des indicateurs RFID de détérioration des aliments, « comme une nouvelle génération d’étiquettes de dates de péremption auto-ajustablesatout essentiel pour réduire les pertes et gaspillage alimentaires », détaille la spécialiste.

Au-delà de l’aspect technologique, le projet GLOPACK vise également à mettre en place une stratégie de mise sur le marché intégrant le déploiement d’outils logiciels d’aide à la décision, d’activités de communication, de business plan et de scores de durabilité. « Pour cela nous avons mis au point des outils logiciel destinés à aider les professionnels de l’agroalimentaire qui tiennent compte de multiples critères comme le matériau employé, son bénéfice d’usage mais aussi son post-usage ». Les chercheurs proposent ainsi un « packaging score » qui, à l’image du Nutriscore, permet de noter les matériaux testés pour pouvoir les comparer plus facilement. « Ce travail sur le scoring est capital et va plus loin que ce qui existe jusqu’à présent sur les indices des empreintes plastiques ».

A quand une barquette estampillée GLOPACK dans les rayons des supermarchés ? « L’idée même du projet était bien sûr de procéder à un transfert de technologie vers le monde industriel. Nous espérons qu’au terme d’encore 2 ou 3 ans de développement, nos partenaires industriels arriveront à mettre sur le marché un emballage issu du projet GLOPACK » conclut Valérie Guillard. Un impact réel et concret pour ce projet qui a emballé le jury des étoiles de l’Europe.