Université et pandémie : quel impact sur l’enseignement supérieur ?

Réfléchir aux conséquences de la pandémie dans l’enseignement supérieur pour mieux accompagner le processus de transformation de l’université. Tel était l’objet du symposium en ligne organisé par l’UM le 22 septembre dernier, qui a réuni virtuellement plus de 40 experts.

Si la pandémie et le confinement ont apporté leur lot de complications dans nos vies quotidiennes ils ont également pu être l’occasion d’une prise de recul constructive, comme l’illustre très bien Brigitte Lundin. La directrice du centre de soutien des innovations pédagogiques – i-Site MUSE a en effet su mettre cette expérience inédite au profit d’une grande réflexion sur la transformation des universités. Une démarche engagée avec Sophie Guichard, directrice de la Fabrique numérique au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et Thierry Sobanski, directeur du campus numérique de l’Université catholique de Lille.

La quadrature du cercle

Très impliqués dans l’innovation pédagogique, ces trois collègues ont imaginé au printemps dernier un symposium pour mieux penser les conséquences et les implications de la pandémie pour l’enseignement supérieur. « On considère souvent que l’enseignement supérieur se construit autour du triangle pédagogies-technologies-espaces d’apprentissage et au centre il y a les étudiants. Notre idée est de sortir les étudiants de ce centre, de ne plus uniquement travailler pour eux mais avec eux », explique Brigitte Lundin.

C’est donc autour de ce concept baptisé « quadrature du cercle » que s’est déroulé le symposium réunissant, dans un espace virtuel, quarante participants. Experts, acteurs de l’enseignement supérieur et étudiants ont ainsi pu échanger au sein des différents ateliers proposés. « Pour que la parole soit libre et les échanges sincères, il était primordial pour nous que les discussions se déroulent sur un mode non hiérarchique », souligne Brigitte Lundin.

Des conséquences aux questionnements

Un cycle de discussions ouvert par le sociologue et grand penseur de la complexité Edgar Morin qui dans son discours inaugural a offert des pistes de réflexion pour mieux penser cette place de l’université. Lutte contre l’unilatéralisme, le simplisme et le dogmatisme mais également plébiscite pour une université fondamentalement pluridisciplinaire : « Nous avons face à nous une excellente occasion d’affronter une réalité complexe. Ce mot ne veut pas dire compliqué, cela veut dire qui contient des liens, des interactions entre des facteurs qui peuvent être biologiques, sociaux, écologiques, psychologiques, religieux etc. »

Les discussions en ateliers ont ainsi permis de mettre à jour quelques conséquences de la pandémie sur l’enseignement supérieur. Importance du rôle sociétal des universités, nécessité de réinventer le temps, le rythme et les espaces autant que les formes et les modèles d’évaluation… « Appréhender l’incertitude et l’inconnu comme des sujets d’apprentissage, développer les communautés interdisciplinaires, faire de la transformation pédagogique une ressource à partager. Toutes ces dimensions s’imposent aujourd’hui comme des clés pour penser l’enseignement de demain » explique Brigitte Lundin.

« C’est la complémentarité de nos expériences à tous qui va nous permettre d’apprendre et de continuer à avancer. » Un cheminement en cours donc, qui interroge profondément notre institution en posant au cœur de la réflexion la co-construction dans la durée et les obstacles financiers, culturels ou réglementaires à dépasser pour que l’université puisse occuper pleinement sa place et jouer un rôle tout au long de nos vies. Autant de pistes pour les échanges à venir.

Un casting de haut niveau

Parmi la quarantaine d’experts qui composait le casting impressionnant de ce symposium on peut citer entre autres : Anne Sophie Barthez, directrice générale de l’Enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle au Ministère de l’ESRI, François Taddei, directeur du Centre de recherches interdisciplinaires de Paris, Jean-Charles Cailliez, vice-président à l’innovation et au développement de l’Université catholique de Lille et Benoît Raucent, président du Louvain learning-lab.

De nombreux représentants de l’UM ont bien sûr pris part à cette journée parmi lesquels : David Cassagne, vice-président délégué au numérique pour la formation, Jean Patrick Respaut, vice-président chargé de la formation et de la vie étudiante, Alexis Vandeventer, vice-président étudiant ou encore Michel Mondain doyen de la Faculté de médecine. La Faculté d’éducation, SupAgro, l’ENSCM et les directeurs d’IUT ont également été associés à cette grande réflexion, aux côtés d’étudiants venus de Caen, de Montpellier ou de Paris.