BioInspir fait rimer chimie avec écologie

Après être parvenue à dépolluer les sols grâce à des plantes hyper accumulatrices de métaux lourds, Claude Grison et ses collègues du laboratoire ChimEco et de la start-up BioInspir s’attaquent désormais à la pollution de l’eau.

Fauche des parties aériennes de renouées du Japon, Fallopia japonica, dans le Gard. Cette plante envahissante se développe en France depuis le 19e siècle, mettant en danger les écosystèmes locaux et les zones humides. © CNRS

Dépolluer l’eau avec… des plantes aquatiques. C’est le procédé écologique et innovant développé par le laboratoire ChimEco* qui a mis au point un filtre végétal capable de capter les métaux dans les eaux polluées. « Après avoir travaillé sur la dépollution des sols grâce à des plantes hyper accumulatrices de métaux lourds, nous nous sommes rendus compte sur le terrain de l’étendue de la pollution de l’eau », se souvient Claude Grison. Ces plantes si particulières pourraient-elles, là aussi, être une arme contre la pollution ? L’intuition de la chimiste devient très vite une réalité et dès 2016 les chercheurs commencent à traiter les systèmes aquatiques avec des plantes. « Elles possèdent à la surface des racines des antennes moléculaires qui captent les éléments métalliques. »

Une expérience qui prend une autre dimension le jour où Claude Grison et son équipe trouvent une plante morte dans leur système de dépollution. « Morte, elle gardait la même capacité de dépollution ! », se souvient la chercheuse. Le procédé évolue alors : « désormais on broie des racines pour faire des filtres végétaux qui dépolluent l’eau ». Et pas n’importe quelles racines… Les chimistes-écologues utilisent des espèces envahissantes, véritables catastrophes écologiques dans les zones humides. Dépolluer l’eau en restaurant l’environnement, un véritable coup double pour cette innovation.

Un procédé révolutionnaire aux notes d’économie circulaire puisque les substances extraites de l’eau par les plantes servent ensuite à produire des catalyseurs d’origine végétale. Ces derniers permettent de produire diverses molécules nécessaires à des secteurs comme l’industrie pharmaceutique par exemple. C’est pour valoriser ces produits que la start-up BioInspir est née en 2021. La société née de la volonté de créer une chimie différente est la seule au monde à maîtriser cette technologie qui n’utilise aucun intrant chimique, aucun solvant ni réactif de synthèse. « C’est une filière sans empreinte environnementale », précise Claude Grison. Une véritable chimie écologique avec un grand gagnant, l’environnement.

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photos © Cyril Fresillon / ChimEco / CNRS Photothèque