Des robots en eaux profondes

Avec leurs mains articulées qui leur permettent de saisir des objets, les robots-archéologues repoussent les limites de l’exploration sous-marine. Drôle de palanquée que celle qui a plongé en rade de Toulon mi-avril… Un colosse de 3 mètres et 180 kilos suivi par un compagnon plus discret.

Crédit : Teddy Seguin/Frédéric Osada- DRASSM-Images Exploration

Leurs noms : Ocean one et Léonard. Leur particularité ? Ce sont des robots. Des robots révolutionnaires qui repoussent les limites de l’exploration et du travail sous-marin de précision.
Pour la première sortie d’Ocean one, les robots ont plongé en rade de Toulon, sur l’épave de la Lune. Ce navire de guerre de la flotte de Louis XIV a sombré en 1664, emportant avec lui armement, vaisselle et effets personnels de l’équipage, précieux témoins d’une époque révolue qui reposent à 90 mètres de profondeur. Un trésor pour les archéologues. Et un défi pour les chercheurs : “Au-delà de 50 mètres de fond, la fouille des épaves par des plongeurs devient trop dangereuse et trop complexe”, explique Vincent Creuze, chercheur au laboratoire d’informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier (Lirmm).

Le premier humanoïde sous-marin

Ocean one est le premier humanoïde sous-marin au monde. Avec ses mains à trois doigts, le robot de l’Université de Stanford est capable de ramasser de précieux et fragiles objets sur le fond pour les remonter à la surface, sans les casser. Une opération délicate rendue possible grâce à une technologie révolutionnaire, des systèmes “haptiques” qui permettent au pilote du robot de ressentir la pression exercée sur sa main de métal, traduisant ainsi les “sensations” perçues par le bras du robot.
Lors de sa plongée, Ocean one a été secondé par le robot Léonard, entièrement développé par le Lirmm. Sa mission : soutenir le cordon ombilical de l’humanoïde, évitant les effets perturbateurs des courants marins et fournissant au pilote une vue surplombante.
Une collaboration fructueuse qui présage une nouvelle ère pour l’archéologie sous-marine, qui va désormais pouvoir explorer des épaves de plus en plus profondes.