Micropolluants : quelles sont ces molécules qui contaminent nos eaux ?

Aujourd’hui, nos milieux aquatiques sont pollués par de nombreux déchets et molécules chimiques. Parmi ces pollutions, certaines sont invisibles à l’œil nu. On parle de micropolluants. Ce sont des molécules chimiques qui se retrouvent dans les milieux aquatiques à des concentrations très faibles.

Geoffroy Duporté, Université de Montpellier

AdobeStock_288836562 © Daniel Chetroni – stock.adobe.com

À titre de comparaison, les sels minéraux contenus dans l’eau potable, tels le calcium, le potassium et le magnésium, sont présents à des concentrations mille à un million de fois supérieures à celle d’un micropolluant.

Les concentrations de ces micropolluants sont l’équivalent d’un morceau de sucre dans une piscine olympique. Évidemment, si on boit la tasse, il est impossible de sentir le goût sucré de l’eau mais malheureusement même à ces concentrations infimes, certaines de ces molécules peuvent avoir des effets négatifs sur l’environnement, les organismes vivants et la biodiversité en raison de leur toxicité, de leur persistance et de leur accumulation.

D’où viennent les micropolluants ?

Les sources de micropolluants dans l’environnement sont multiples. Même s’il existe des sources naturelles (les volcans par exemple qui émettent de nombreux hydrocarbures), les micropolluants sont généralement d’origine humaine (industries, transports, agriculture mais aussi usages domestiques).

À l’heure actuelle, plus de 100 000 molécules sont identifiées comme micropolluants par l’Union européenne. De très nombreux produits que nous utilisons au quotidien en contiennent : produits cosmétiques, médicaments, produits d’entretien, peintures…

Les origines de la contamination de l’eau par les micropolluants sont ainsi très diverses :

  • Les eaux usées domestiques jouent un rôle important dans le transfert de ces contaminants vers les milieux aquatiques. Même si les stations de traitements des eaux usées sont capables d’éliminer une partie des micropolluants, certaines molécules rejoignent les milieux aquatiques sans avoir été éliminées. Les résidus médicamenteux (paracétamol, antidépresseurs…), les phtalates (molécules issues de l’utilisation de plastiques), des parabènes (issus des produits cosmétiques), des filtres UV présents dans les crèmes salaires, des pesticides tels que les produits antiparasitaires utilisés pour les animaux domestiques, sont des exemples de micropolluants couramment retrouvés dans ces eaux usées domestiques.
  • Les eaux usées d’origine industrielle rejettent également de nombreux polluants en lien avec les activités concernées (plastiques, détergents, solvants, produits pétroliers, métaux…).
  • Les eaux usées des hôpitaux participent également à la contamination des eaux usées par les résidus pharmaceutiques. On retrouve notamment de nombreux antibiotiques, anticancéreux ou agents de contraste.
  • Les contaminants peuvent être également d’origine agricole avec la pollution des sols par les pesticides ou encore les antibiotiques donnés aux animaux d’élevage. Ces micropolluants vont participer à la contamination des milieux aquatiques par ruissellement ou infiltration.

Ces pollutions convergent vers les nappes phréatiques, rivières, fleuves, mers et océans. Cette pollution invisible se retrouve ainsi également dans nos ressources en eau potable.

La lutte contre les micropolluants est aujourd’hui un enjeu environnemental et sanitaire. Pour illustrer cette problématique, une étude scientifique montre l’omniprésence des résidus pharmaceutiques dans 258 rivières du monde entier. Les molécules les plus retrouvées sont la carbamazépine (antiépileptique), la metformine (antidiabétique) et la caféine. Cette étude montre que dans 25 % des sites étudiés, les concentrations d’au moins un résidu pharmaceutique étaient supérieures aux concentrations entraînant des impacts pour les organismes aquatiques.

Par exemple, une autre étude scientifique a fait un état des lieux sur les résidus de caféine dans les milieux aquatiques en tant que contaminant préoccupant. Ce composé a été retrouvé dans les tissus d’êtres vivants côtiers et marins (microalgues, récifs coralliens, mollusques ou poissons). De plus, il a été démontré que ces résidus de caféine peuvent, par exemple, affecter la reproduction et le développement d’organismes aquatiques.


Cet article est publié dans le cadre du dispositif « Questions de Jeunes à la Recherche » mené par Agropolis International en partenariat avec le Rectorat de l’Académie de Montpellier.

Diane Rottner, CC BY-NC-ND

Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : rf.no1713534936itasr1713534936evnoc1713534936eht@r1713534936oinuj1713534936ct1713534936. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre.

Geoffroy Duporté, Maître de conférences en chimie de l’environnement, Université de Montpellier

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.