3D4 Pedia : un médicament “imprimé” au plus près des patients

Lauréat du dispositif Companies and Campus, le projet 3D4 Pedia développe une technologie de production de médicaments par impression 3D. Issu d’une collaboration entre l’Institut Charles Gerhardt Montpellier (CHU de Nîmes/UM) et la société MB Therapeutics, ce procédé innovant permet des dosages sur-mesure, principalement destinés aux enfants.

Dans le monde de la recherche pharmaceutique, c’est un pas de géant. “Ça faisait presque 50 ans qu’il n’y avait pas eu d’innovation de rupture dans la production de médicaments”, résume Ian Soulairol, pour mesurer l’enjeu. Chercheur à l’ICGM (Institut Charles Gerhardt Montpellier), cofondateur de MB Therapeutics, et responsable de l’unité de production des médicaments du CHU de Nîmes, le pharmacien compte parmi les pionniers du développement de médicaments par impression 3D. Grâce au projet 3D4 Pedia, le premier traitement de ce type pourrait faire son entrée sur le marché dès le début de l’année 2027, à destination de jeunes patients atteints de pathologies cardiaques.

Navigant entre Montpellier et le CHU de Nîmes, Ian Soulairol planche sur ce nouvel outil depuis 2017. “Les techniques que je développe n’ont rien à voir avec ce qui a été tenté jusqu’ici. Mon objectif c’est qu’elles soient utilisables au plus près des patients pour faire un médicament adapté à chaque cas”, explique Ian Soulairol. Composée d’une pâte capable de contenir les excipients et les principes actifs du traitement développé, cette encre innovante offre une possibilité de dosages infinie. Une aubaine dans le domaine de la pédiatrie qui nécessite une plus grande précision liée à la fragilité des publics visés. “Quand on traite un enfant, il faut sans cesse s’adapter aux variations de poids et d’âge, et les médicaments disponibles sur le marché sont assez limités. De plus, il n’y a jamais eu de traitement à libération prolongée adapté aux enfants, mais grâce à sa modularité, l’impression 3D permet de le faire”, détaille le chercheur.

“Sans le PUI, j’aurais eu du mal à tenir mes engagements”

Pour accélérer le développement du projet et être en capacité de produire l’encre en quantité industrielle, Ian Soulairol et Stéphane Roulon décident de créer MB Therapeutics en 2023. C’est par le biais de cette société que l’équipe produira la pâte prête à l’emploi et les machines. “L’idée, c’est ensuite de pouvoir imprimer la molécule localement, dans les pharmacies d’officine et dans les CHU”, précise-t-il.

Soutenu par le programme Companies and campus, appel à projet porté par le Pôle Universitaire d’Innovation de Montpellier, dont il a été lauréat fin 2023, le projet 3D4 Pedia a bénéficié d’une enveloppe de 25 000 euros pour renforcer son personnel. Courant 2026, après la validation du procédé d’impression, l’équipe mènera des tests sur la stabilité du produit, avant d’attaquer le transfert industriel. Dans la foulée, les premières cartouches devraient être commercialisées dès le début de l’année 2027, et dans un avenir proche, une cinquantaine de molécules pourraient être ré-exploitées et dosées plus finement grâce à cette technologie…

Soutenu par la métropole de Montpellier, qui a accueilli MB Therapeutics dans ses locaux du Millénaire, le projet 3D4 Pedia a bénéficié d’une belle union des forces entre l’Université de Montpellier et le CHU de Nîmes, où Ian Soulairol exerce en qualité de responsable de l’unité de production des médicaments. Un ensemble de partenariats fertiles, dans le giron du Pôle Universitaire d’Innovation (PUI), et que le chercheur applaudit des deux mains : “Sans cela, j’aurais eu du mal à tenir mes engagements”.