Nadège Nziza finaliste de “Ma thèse en 180 secondes”

Montpelliéraine d’adoption, Nadège Nziza est doctorante à l’UM en physiopathologie. Rencontre avec une jeune femme tout aussi passionnée que passionnante, finaliste nationale de « Ma thèse en 180 secondes » 2018.

« L’objectif de ma thèse est simple comme une partie de Cluedo : je dois découvrir quelle cellule détruit quelle articulation avec quelle arme ! », explique Nadège NZIZA d’un ton enjoué. Comparer sa très sérieuse thèse sur l’arthrite juvénile à un jeu de société, il fallait oser. Une audace qui a conquis le jury national de « Ma thèse en 180 secondes » 2018 – réuni  le 6 avril à Paris pour la demi-finale – et qui a valu mercredi 13 juin à cette jeune femme pétillante de se retrouver en finale du prestigieux tournoi de présentation orale de thèses. Un tournoi ouvert aux doctorants de 20 pays francophones.

De Lulumbashi (RDC) à l’école doctorale de Montpellier

« Je suis intriguée par le fonctionnement du corps humain depuis mon plus jeune âge. C’est précisément ce qui m’a poussée, d’abord à étudier la biologie animale, puis, la biochimie moléculaire et cellulaire. », explique Nadège NZIZA. Rwandaise, née à Lulumbashi au Congo, c’est en 2009 que la jeune femme, alors à peine majeure, débarque en Europe, à Namur, pour y poursuivre ses études. « Le choc culturel a été immense. J’avais à cette époque perdu tous mes repères ! » se souvient, émue, la jeune femme de 26 ans aujourd’hui. Une licence puis un master validés avec mention « bien » plus tard, Nadège NZIZA atterrit à Montpellier comme stagiaire sous la direction d’Edouard Tuaillon, maître de conférences à l’Université de Montpellier.  « Ces trois mois de travail sur le virus de l’hépatite C m’ont permis de vivre pleinement ma passion pour l’immunologie », explique Nadège qui, dès les vacances d’été suivantes, s’envolait pour Kigali (Rwanda) afin d’effectuer un stage pratique en la matière dans un centre de recherche. Deux mois où la jeune femme s’attèle alors corps et âme à l’amélioration du diagnostic des hépatites B et C et – surtout – du paludisme, première cause de mortalité dans son pays d’origine. « C’est à ce moment précis que j’ai pris conscience de mon besoin de travailler au plus près des patients et de mon attrait pour le travail clinique, bien loin de la recherche fondamentale », explique Nadège NZIZA qui, dans la foulée de cette expérience, s’inscrivait à l’école doctorale de l’UM.

Arthrite juvénile

Deux ans après, c’est au sein de l’Unité 1183-INSERM (Cellules souches, plasticité cellulaire, médecine régénératrice et immunothérapies) que Nadège parachève son projet de recherche sur l’arthrite juvénile, maladie auto-immune provoquant retards de croissance et malformations. « Mon objectif aujourd’hui est d’améliorer les techniques de diagnostic de l’inflammation des articulations chez les jeunes patients. Ceci pour pouvoir demain leur proposer le traitement le mieux adapté à leur pathologie », explique-t-elle.

Pour demain justement Nadège NZIZA a déjà des projets plein la tête : faire une ou deux années en « post-doc » aux États-Unis ou, pourquoi pas, au Canada, avant de retourner définitivement au pays pour travailler, là encore, sur l’immunologie : « Le Rwanda dispose de toutes les infrastructures nécessaires pour mener à bien des essais cliniques et développer des projets de recherche d’envergure. Seuls manquent les matériels de pointe et les chercheurs et praticiens spécialisés en la matière », explique la jeune femme qui par le développement de programmes franco-rwandais de recherche rêve déjà, dans un avenir pas si lointain, à l’éradication du Paludisme. Une maladie qui nécessite une prise en charge considérable et dont la propagation au Rwanda semble toujours hors de contrôle en raison notamment des conditions climatiques locales.

Ma thèse en 180 secondes (MT180)

Organisé chaque année par le CNRS en partenariat avec les présidents d’Universités, « Ma thèse en 180 secondes » propose aux doctorants de présenter leur sujet de recherche, en français et en termes simples, à un auditoire profane et diversifié. Chaque doctorant ou doctorante doit faire, en trois minutes, un exposé clair, concis et néanmoins convaincant sur son projet de recherche. Ceci avec l’appui d’une seule diapositive ! Ce concours s’inspire de Three minute thesis (3MT®), conçu à l’Université du Queensland en Australie. Un concept repris en 2012 au Québec par l’Association francophone pour le savoir, l’Acfas qui a souhaité l’étendre à 20 pays francophones.