Pourquoi certains animaux vivent plus longtemps que nous ? Ou moins ?

La durée de la vie est variable pour nous mais aussi pour les animaux. Chez nous, les humains, le record mondial de la durée de vie est détenu par Jeanne Calment qui a disparu le 4 août 1997 à Arles (Bouches-du-Rhône) à l’âge de 122 ans, 5 mois et 14 jours. Mais toutes les personnes de la planète ne vivent pas jusqu’à 122 ans.

Simon Galas, Université de Montpellier et Myriam Richaud, Université de Montpellier

Hydra vulgaris – AdobeStock_493261110 ©3d_vicka – stock.adobe.com

Dès 1982, en étudiant un petit ver de 1 mm de long Caenorhabditis elegans, les scientifiques ont pu mesurer que les gènes étaient responsables pour 20 à 50 % de la détermination de la longévité. Plus tard on a pu observer que la durée de vie d’une personne est contrôlée pour environ un tiers par les gènes hérités de ses parents. En France l’espérance de vie actuelle est de 85 ans pour les femmes et 79 ans pour les hommes.

Mais la durée de la vie est également variable pour des animaux qui arrivent à battre des records. Leur durée de vie peut-être encore plus élastique que la nôtre comme si l’on compare la durée de vie d’une souris (4 ans) avec la durée de vie d’une chauve-souris (24 ans) alors qu’elles ne sont finalement pas très différentes. Un petit ver de 2 mm de long (Strongyloïdes ratti arrive à faire encore mieux. Sa durée de vie est de 5 jours quand il habite dans les mottes de terre mais de 403 jours lorsqu’il parasite de petits mammifères. Un élastique très très souple !

Une palourde de l’espèce Arctica islandica. Hans Hillewaert/Wikipedia, CC BY-SA

Mais il y a encore mieux. En 1868, une expédition océanographique autour de l’Islande a capturé un coquillage, une palourde (Arctia islandica), dont l’âge a été déterminé en 2005 comme atteignant 374 ans et récemment 507 ans chez d’autres individus.

Un animal vieux de 11 000 ans !

Au fond de la mer encore, l’éponge de verre (Monoraphis chuni) a été découverte en 1996 par 1 110 mètres de profondeur dans la mer de Chine, au sud du Japon. Cette éponge fabrique une sorte de tige en fibre de verre (silice) qui a permis aux chercheurs de déterminer, en 1986, que son âge était de 11 000 ans !

Le papillon Grand paon de nuit (spécimen mâle : face dorsale en haut et face ventrale en bas)
Le papillon Grand paon de nuit (spécimen mâle : face dorsale en haut et face ventrale en bas). MHNT/Wikipedia, CC BY

Il existe donc des animaux qui peuvent vivre beaucoup plus longtemps que nous et avec ces deux exemples, on peut retenir que ce sont souvent des animaux marins. Mais il existe aussi des animaux qui vivent très peu de temps par exemple les éphémères qui volent seulement quelques jours ou encore le papillon grand paon de nuit dont la vie ne dépasse pas une semaine. ces deux insectes partagent une curiosité : ils n’ont pas d’appareil leur permettant de s’alimenter et sont donc programmés pour vivre très peu de temps.

Certains animaux sont aussi connus pour leurs capacités à rajeunir et à vivre, peut-être, encore plus longtemps. C’est le cas de la toute petite méduse maritime de 5 mm Turritopsis qui est capable de rajeunir toutes les cellules de son corps et de redevenir un bébé méduse à volonté tandis que, l’Hydre (Hydra vulgaris) qui habite dans les eaux douces, est capable de renouveler toutes les cellules de son corps. Chez cet animal il a été impossible d’observer la fin de sa vie normale.

Deux tardigrades
Deux tardigrades. Wikimedia, CC BY

Parfois, des animaux peuvent revivre après une vie ralentie très longue au cours de laquelle l’animal va arrêter toutes ses fonctions vitales et parfois se déshydrater totalement par exemple pour des tardigrades prélevés en Antarctique et réveillés après un sommeil de 30ans ou encore de petits vers nématodes cachés dans des trous d’écureuils sous le sol gelé de Sibérie et qui ont été réveillés après 42 000 ans.

Comme on peut le voir, il y a des animaux qui peuvent vivre très peu de temps comparé à nous tandis que d’autres beaucoup plus longtemps. Les scientifiques étudient ces animaux pour tenter de comprendre comment ils fonctionnent et qu’est-ce qui contrôle leur durée de vie.

Comment expliquer cette variabilité de l’espérance de vie ?

Plusieurs explications ont été proposées pour expliquer ces grandes différences de durées de vies. Les scientifiques pensent que certains animaux utilisent des systèmes qui permettent de garder leurs cellules fonctionnelles plus longtemps et sans vieillir comme le coquillage ou l’éponge de verre tandis que d’autres utiliseraient leurs capacités à rajeunir leurs cellules à volonté comme la petite méduse ou l’hydre d’eau douce pour éviter de mourir.

Et nous dans tout ça ? Il y a quand même une bonne nouvelle. En effet, même si nous ne pouvons pas nous rajeunir à volonté comme certains animaux, les scientifiques ont découvert que nous le faisons quand même à chaque fois que nous faisons des bébés.

Pour fabriquer nos cellules reproductrices (ovules et les spermatozoïdes), nos organismes ont trouvé un moyen pour obliger certaines des cellules de notre corps à redevenir très très jeunes. C’est à partir de ces cellules (cellules germinales) qu’une femme produira des ovocytes et un homme des spermatozoïdes qui n’auront plus leur âge mais un âge beaucoup plus jeune. C’est comme un retour en arrière, comme le font la méduse et l’hydre, mais chez nous cela se déroule seulement au moment de la reproduction et c’est ce qui permet d’avoir des bébés qui n’ont pas l’âge de leurs parents à la naissance mais tout simplement leur âge à la place.


Diane Rottner, CC BY-NC-ND

Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : rf.no1714262644itasr1714262644evnoc1714262644eht@r1714262644oinuj1714262644ct1714262644. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre.

Simon Galas, Professeur de Génétique et de Biologie moléculaire de l’Aging, IBMM CNRS UMR 5247 – Faculté de Pharmacie, Université de Montpellier et Myriam Richaud, Docteur en génétique et biologie moléculaire de l’aging, faculté de pharmacie, Université de Montpellier

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.