BD « Sciences en bulles » : gare à la mémoire du gorille

Cet extrait de la BD « Sciences en bulles » est publié dans le cadre de la Fête de la science (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « Planète Nature ? ». Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site Fetedelascience.fr.

Benjamin Robira, Université de Montpellier

Peb&Fox/Syndicat national de l’édition, CC BY-NC-ND.

La représentation d’une jungle luxuriante riche en ressources tout au long de l’année est un cliché. Celles de l’Ouest africain et du bassin congolais dans lesquelles vivent les gorilles des plaines de l’Ouest présentent en réalité une saisonnalité marquée, où des périodes d’abondance en fruits alternent avec des périodes de pénurie.

Malgré cette grande variation, le gorille maintient un équilibre énergétique. Cela est en partie dû à la diversité des aliments qui composent son régime alimentaire : feuilles, fleurs, fruits, champignons ou même des insectes.

Mais on spécule aussi sur sa capacité à localiser correctement une partie de ces aliments, comme les fruits dans le temps et dans l’espace. En effet, de manière générale, on considère qu’il y a eu, au cours de l’évolution, des pressions de sélection sur les individus d’espèces vivant dans un milieu complexe, où les ressources peuvent être rares et fluctuantes. Ces pressions ont favorisé le développement de la cognition, permettant de mieux prédire quel type de nourriture se trouve à quel endroit et à quel moment. Cela expliquerait en partie les différences cognitives observées dans le monde animal.

Une approche computationnelle, c’est-à-dire où le comportement d’individus hypothétiques est simulé par ordinateur, confirme l’idée d’avantage d’une conscience spatiale et temporelle.

Dans le cas d’un environnement variable mais prévisible comme celui dans lequel évolue le gorille, cette capacité à situer la nourriture dans l’espace et dans le temps augmente substantiellement le succès d’approvisionnement en nourriture. Elle diminue aussi le coût de la recherche, notamment la distance parcourue.

Les groupes sauvages sont nommés selon le mâle alpha – aussi appelé « dos argenté » suite à la dépigmentation des poils dorsaux faisant suite à la puberté –. Le suivi journalier de ces groupes permet alors de voir si la réalité colle avec les attendus théoriques.

On observe alors que les gorilles ciblent certains endroits précisément quand les ressources y sont disponibles, et s’y déplacent linéairement et rapidement. La prochaine étape consiste alors à comprendre quelle forme prend ce savoir spatio-temporel : les gorilles ont-ils une carte mentale des ressources ? Et ont-ils en tête un calendrier précis de la disponibilité de chacune ?The Conversation

Benjamin Robira, Doctorant, Université de Montpellier

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.