Intelligence artificielle et santé : une hybridation réussie

Le 25 septembre 2025, l’Université de Montpellier a réuni la communauté universitaire et ses partenaires pour une journée consacrée au thème « IA et santé, la santé globale à l’ère de l’IA ». Objectif : explorer les avancées, les enjeux, les cadres d’expérimentations et les solutions concrètes en matière de formation, de recherche et d’innovation. Une exploration déjà bien avancée à Montpellier comme en témoignent les nombreux projets alliant IA et santé.

Ils étaient quelques centaines réunis ce 25 septembre à l’institut de botanique pour explorer les liens étroits qui unissent IA et santé, et qui à Montpellier ne datent pas d’hier. En effet, l’appétence à travailler ensemble a toujours été très exacerbée à Montpellier entre l’IA et la santé, et si l’UM est aujourd’hui à la pointe de ces domaines c’est parce qu’ils se sont hybridés depuis.

Longue tradition

Dans le domaine de la recherche, cette longue tradition d’hybridation interdisciplinaire numérique et santé est déjà concrétisée par de nombreux projets comme en témoigne par exemple le projet thématique long « Comprendre et agir pour le vivant » qui vise à amplifier les collaborations et synergies au sein du pôle MIPS à travers l’étude des systèmes vivants, tant en recherche fondamentale que technologique, en relation avec des problématiques en biologie, santé, en sciences de l’agronomie, écologiques et environnementales.

Au Lirmm, intelligence artificielle et santé dialoguent également dans le domaine de la robotique médicale, avec la plateforme Tirrex, infrastructure technologique pour la recherche d’excellence en robotique, où l’IA trouve toute sa place pour proposer de nouvelles évolutions des dispositifs médicaux existants ainsi que de nouvelles solutions technologiques dotés d’intelligence pour la chirurgie de demain.

A l’IRCM, la chercheuse Stéphanie Nougaret a recours à l’IA pour « digitaliser » le cancer grâce à un projet de recherche qu’elle développe pour mettre en œuvre une nouvelle approche dans la visualisation des lésions cancéreuses par imagerie qui lui a valu la très prestigieuse dotation starting grant accordée par le Conseil Européen de la Recherche.

Large spectre

Les sujets traités en IA et santé dans les unités de recherche de l’UM couvrent un large spectre. A l’Idesp par exemple, l’équipe-projet Inria Prémédical est composée de chercheurs en statistique, machine learning, IA, mais aussi de cliniciens. Des profils divers spécialisés dans le développement de méthodes de médecine de précision par apprentissage causal et apprentissage fédéré qui permet entre autres d’assurer la confidentialité des données médicales. Une recherche qui ambitionne d’accélérer la mise à disposition de médicaments ciblés sur le marché et de déployer des algorithmes d’aide à la décision.

Le domaine de la santé fait en effet face à une quantité toujours croissante de données médicales, et les acteurs de santé sont de plus en plus dépendants dans leur pratique de la qualité du design et de la configuration des outils numériques. Pour faire face à cette masse de données, l’UM, le CHU et l’entreprise Dedalus ont lancé en 2022 un projet porté par l’ISDM pour l’UM et par Erios (Espace de recherche et d’intégration des outils numériques en santé) au CHU.

Analyses ultraperformantes

L’IA permet des innovations majeures en santé, notamment dans le domaine de la médecine personnalisée, qui nécessite de comprendre les spécificités de la maladie pour mieux soigner les patients en décryptant les milliers de mutations qui parsèment nos séquences ADN. C’est le terreau de la start-up SeqOne Genomics, co-financée par l’UM, qui propose des solutions d’analyse de données génomiques ultraperformantes pour la médecine personnalisée, avec comme objectif une meilleure prise en charge clinique des patients atteints de cancer et de maladies rares et héréditaires.

Si ces recherches matérialisent les relations entre IA et santé, ces liens sont aussi étroits dans la formation, comme le montre par exemple le choix de positionner une chaire de professeur junior (CPJ) UM en intelligence artificielle au sein du laboratoire PhyMedExp. Zubeyir Salis, titulaire de cette CPJ, a contribué à créer une nouvelle formation dédiée destinée pour cette année aux étudiants en médecine et en maïeutique de la Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes qui s’articule autour de 2 unités d’enseignement de 12 heures chacune.

Des étudiantes et étudiants mieux formés

L’IA générative est aussi utilisée pour entraîner et évaluer les compétences des étudiants en médecine avec le programme de simulation Doc Simulator financé par l’UM et conçu par Kevin Yauy, médecin généticien et spécialiste en intelligence artificielle à l’UM et au CHU de Montpellier, qui a remporté un trophée NextGen Leaders en Santé. Un outil dont l’efficacité est d’ores et déjà démontrée puisque les étudiants formés sur le simulateur réussissent mieux aux examens cliniques objectifs structurés.

Dès 2023, l’UM s’était positionnée dans ce domaine avec l’ouverture de l’école de santé numérique ESNbyUM qui forme les futurs professionnels de santé mais aussi les juristes, les ingénieurs et les administratifs aux données de santé, à la cybersécurité, aux outils numériques en santé, à la télésanté ou encore la communication en santé.

L’ensemble de ces projets et initiatives ne sont que la partie émergée d’un iceberg marquant une politique de site affirmée, qui a rendu possible cette hybridation réussie entre IA et santé à Montpellier.

L’association “IA Montpellier Méditerranée”, nouvel acteur majeur dans le paysage de l’intelligence artificielle

Le jeudi 25 septembre la région Occitanie, Montpellier Méditerranée Métropole, l’Université de Montpellier, le CHU de Montpellier, Digital 113 et la French Tech Méditerranée se sont alliés pour créer l’association « IA Montpellier Méditerranée » et porter une ambition forte en intelligence artificielle pour Montpellier et l’Occitanie. Annoncée en février dernier, ce projet s’ancre à la fois dans les fondements mathématiques et informatiques de l’intelligence artificielle, mais représente aussi un outil maintenant indispensable aux domaines du vivant et de l’environnement.