Schéma directeur de la transition écologique : “Nous avons tous et toutes une part à prendre”

Le 20 novembre, l’Université de Montpellier a voté en conseil d’administration son schéma directeur pour la transition écologique. Quatre axes et 48 actions pour renforcer les mesures déjà mises en place ces dernières années à l’UM et engager et coordonner la mise en œuvre sur chaque site d’une politique de transition écologique à la hauteur de ses ambitions. Tour d’horizon de ce nouveau schéma avec Frédérique Carcaillet, vice-présidente déléguée aux enjeux environnementaux.

C’est avec une année d’avance sur les recommandations du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche que l’Université de Montpellier a voté, lors de son dernier conseil d’administration, le schéma directeur de la transition écologique (SD TE). « Nous avions déjà engagé cette réflexion quand, en juin dernier et suite au plan climat-biodiversité et transition écologique de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la note de cadrage du ministère a été publiée demandant à toutes les universités d’élaborer un schéma directeur pour fin 2024 » explique Frédérique Carcaillet, vice-présidente déléguée aux enjeux environnementaux.

Face à l’urgence climatique et environnementale et pour être en phase avec la signature de notre contrat d’objectifs, de moyens et de performances (COMP), nous avons choisi d’agir vite. Nous avons élaboré un schéma construit selon 4 axes stratégiques regroupant 48 actions à déployer sur la période 2023-2026, qui s’articule pleinement avec le contrat pluriannuel 2021-2026 de l’établissement.  « Dans ce plan nous avons toutes et tous un rôle à jouer et une part à prendre » souligne Frédérique Carcaillet.

Tout le monde : trier, se déplacer, se chauffer…

En janvier dernier, l’UM s’est doté d’un plan de sobriété énergétique (lire : Aller vers le meilleur équilibre possible) visant à réduire sa consommation d’énergie et donc sa contribution au changement climatique. « Le SD TE prévoit d’accompagner cette démarche par la réalisation d’un grand diagnostic de l’UM en matière d’émission de gaz à effet de serre, action prévue et budgétisée dans le COMP » explique la vice-présidente. Les actions listées dans l’axe Agir pour l’environnement et modifier les comportements prolongent les nombreuses opérations de réhabilitation énergétique du patrimoine immobilier et de raccordement aux réseaux de chaleur urbains menées grâce au plan de relance et prévoient l’installation de panneaux photovoltaïques.

Elles se doublent d’une politique en faveur des mobilités douces avec le remplacement progressif de la flotte de véhicules thermiques par de l’électrique et la favorisation de l’usage du vélo et des transports en commun. Une charte du déplacement devrait bientôt voir le jour afin d’inciter les personnels de l’UM à choisir le train plutôt que l’avion pour leur trajets professionnels chaque fois que cela est possible. « Un autre enjeu maintenant va être de sensibiliser à la sobriété numérique en informant sur les pratiques et encourageant le regroupement et la rationalisation des serveurs informatiques par exemple ».

Autre point central de ce plan : la gestion des déchets. L’UM organise depuis plusieurs années la collecte et le reconditionnement du matériel informatique et de certains mobiliers de bureau. Pour les déchets courants, des bacs de tris sont disponibles sur les différents sites mais la collecte sélective doit être rationalisée et uniformisée. « La marche est haute. Il faut réaliser une cartographie des pratiques sur les différents sites et agglomération d’implantation de l’UM et travailler avec les différentes parties prenantes pour accroitre significativement notre tri des déchets en vue de leur réutilisation et recyclage ».

Concernant la biodiversité, le SD TE prévoit la continuation des actions déjà engagées sur les campus : « zéro pesticide, zéro arrosage, fauches et les tailles tardives pour favoriser la reproduction des insectes et des oiseaux, fortement impactés par la crise environnementale » rappelle Frédérique Carcaillet. Pour faire découvrir aux personnels, étudiants et étudiantes la richesse de leur campus, des ateliers biodiversité ont été planifiés pour chacun puisse « découvrir la biodiversité commune du quotidien, participer à l’effort de son inventaire, suivi et valorisation. En ouvrant les yeux sur notre environnement nous le découvrons différemment et cela constitue un premier pas pour sa préservation ».

Étudiants : formation, ressources en ligne et éolienne expérimentale

L’axe Enseignement et formation fait directement suite à la note de cadrage du ministère pour les étudiants et étudiantes de 1er cycle et compte 11 actions. On citera notamment l’obligation de mise en place par l’ensemble des UFR, écoles et instituts, de modules de formations à la transition écologique pour un développement soutenable (TEDS). Un ingénieur pédagogique sera recruté, des formateurs seront formés et des contenus de formation seront mis à disposition via la plateforme moodle de l’UM. « Tous les étudiantes et étudiants et personnels pourront accéder aux ressources de l’université virtuelle en environnement et développement dont nous sommes membres fondateurs avec d’autres universités, observatoires et instituts de recherche. Ils y trouveront des cours sous forme de textes, de vidéos, mais aussi des exercices, des cas pratiques, de la bibliographie… » détaille la vice-présidente.

Des démonstrateurs technologiques seront également installés sur les campus afin d’impliquer concrètement les étudiantes et étudiants. Frédérique Carcaillet évoque la possibilité d’installer des capteurs environnementaux sur les campus, voire une éolienne miniature ou des panneaux solaires expérimentaux « pour mesurer, certes, la production d’électricité mais aussi les coûts et bénéfices environnementaux et sociétaux liés à ces dispositifs ». La création d’un OpenBadge permettant aux étudiantes et étudiants de valoriser leurs engagements associatifs et citoyens sera expérimentée sous la forme « d’une certification qu’ils pourront ajouter à leur CV ».

Personnels :  mieux se former dans les laboratoires et les bureaux

A noter que des formations collectives généralistes seront proposées aux personnels de l’UM qui souhaitent se former aux enjeux de la transition énergétique. Des formations spécifiques en lien avec les enjeux de leur métier leur seront aussi proposées. Les structures de recherche se retrouveront dans le deuxième axe intitulé Recherche et innovation.

« Un des grands objectifs de cet axe est de mener les laboratoires de recherche à évaluer l’impact de leurs activités sur l’environnement en prenant en compte les déplacements professionnels, la consommation de ressources, les achats, etc. Certains laboratoires sont déjà très engagés dans cette démarche, nous leur proposerons d’échanger leurs bonnes pratiques avec des laboratoires moins avancés » annonce la vice-présidente. Pour cela, l’adoption de la démarche du groupement de recherche Labo 1.5 soutenu par le CNRS, l’Inrae, l’Ademe, l’Inria et Sorbonne Université sera encouragée et les indicateurs disponibles seront fournis aux laboratoires.

Accroître les interactions entre la science et la société en diffusant mieux et plus l’information est le second objectif de cet axe. « Cette diffusion des connaissances est déjà bien structurée et mise en œuvre au sein de l’UM, mais nous devons davantage mettre en valeur les thématiques en lien avec la transition écologique pour accompagner les nécessaires changements de comportement » souligne Frédérique Carcaillet.

Gouvernance : promouvoir une activité responsable

Depuis 2022, la politique de l’UM en matière de transition énergétique est portée de manière transversale par la vice-présidence aux enjeux environnementaux en lien avec tous les autres vice-présidences ainsi que les directions de l’Université. Un bureau dédié a été créé au sein de la Direction du Pilotage pour accompagner la démarche de transition écologique de l’UM. Sa mise en œuvre s’appuiera bientôt sur un réseau de référents formés à la transition écologique. « Nous souhaiterions que chaque direction, service, UFR, institut, école, laboratoire ait son propre référent dont le rôle sera de faire circuler les informations et les idées et de coordonner les différentes actions dans le but de susciter une plus grande adhésion de chacun » propose Frédérique Carcaillet.

Les acteurs de la dépense, déjà fortement sensibilisés, seront encouragés dans le développement d’une politique d’achat de biens et de services durables en amplifiant l’intégration de critères environnementaux dans le choix des marchés et des offres (voir Rouages : Projeter un contexte économique et social). S’inscrire dans cette démarche s’accompagne aussi d’une volonté de labellisation pour s’engager dans une amélioration continue en évaluant régulièrement la pertinence des actions engagées.

« Par son identité profondément ancrée dans l’objectif de relever les défis environnementaux et sociétaux à venir, par sa place de leader mondial en écologie au classement de Shanghai, par sa place de leader français au classement The Times  higher education impact ranking qui vise à mesurer l’engagement et la performance en termes de développement durable (lire Shanghai, Leinden, Reuters : l’UM au top des classements internationaux), l’Université se devait de se doter d’un schéma directeur de la transition écologique à la hauteur de ses ambitions. C’est désormais chose faite, le chemin est tracé et maintenant il s’agit d’avancer vite et bien dans la bonne direction » conclut la vice-présidente !